Shiva dans l'ombre

Shiva dans l'ombre est un space-opera, et c'est aussi la cinquième nouvelle du recueil Danses aériennes de Nancy Kress.
Résumé : 
Tirzah est le Soutien d'une expédition scientifique à destination du noyau galactique : elle est le capitaine de la mission et doit veiller à ce que l'entente règne entre Ajit et Kane, les deux astrophysiciens chargés d'étudier les propriétés de la matière tout près de l'horizon des événements du trou noir central. Comme les radiations dures y seraient incompatibles avec la vie, une sonde contenant les esprits téléchargés des trois explorateurs a été envoyée au plus près de la singularité, là où il est possible d'étudier les phénomènes les plus surprenants. Alors que la controverse de scientifiques entre Ajit et Kane promet de défier le talent de Tirzah, quels dangers pèsent sur les deux équipages - l'organique et l'informatique ?
La "matière noire" serait de la matière inobservable, correspondant à peu près au quart de la masse de l'Univers. Sa nature précise reste encore hypothétique - après tout et par définition, nul ne l'a encore jamais observée. C'est donc à la poursuite de l'une des grandes énigmes de l'astrophysique actuelle que les personnages de Shiva dans l'ombre se lancent - et l'objet de leur recherche se trouve là où toute matière finit par échouer, c'est-à-dire au cœur d'un trou noir. Nancy Kress ne souhaite pas ici échapper aux lois de la physique - celles qui postulent qu'une fois passé l'horizon des événements il n'est plus possible de sortir d'un trou noir - et recourt donc à une astuce narrative pour permettre à ses personnages d'explorer l'endroit maudit au plus près : le choix est intéressant et fait sens compte-tenu des intentions de l'auteure.

En effet, Shiva dans l'ombre n'est pas une simple aventure où un équipage intrépide réaliserait l'exploration scientifique d'un trou noir : c'est surtout un conte où la folie et l'hubris rôdent, puisque la compétition entre Ajit et Kane finira fort mal quand elle aura cessé d'être scientifique. Même aux portes d'un trou noir, les sentiments humains les plus médiocres ont cours et peuvent l'emporter sur le sens du devoir. Si la leçon est humaniste, elle est cependant un peu trop appuyée à mon goût, et surtout chargée de symboles dont j'ai de la peine à voir l'utilité : fallait-il par exemple qu'Ajit - l'astrophysicien venu d'Inde - ait emporté avec lui une statue de Shiva ? Et fallait-il aussi insister autant sur les rôles cosmiques du dieu hindou sans les connecter avec plus de fermeté aux péripéties de l'intrigue ? Bien qu'elle soit construite avec beaucoup de soin et même si son postulat est meilleur qu'original, je n'ai donc pas été convaincu par cette nouvelle... Dommage !

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