Déliance

De Sabrina Calvo j'ai eu l'occasion de lire jadis Pragmata, nouvelle publiée dans l'Anthologie des Utopiales 2011 : le souvenir que j'en garde était celui d'un texte étrange, difficile à saisir mais malgré tout rigolard et qui donnait envie d'y revenir. Il se trouve que le destin n'a pas donné l'occasion de le faire avant cette nouvelle édition de l'Anthologie des Utopiales : le moment est donc venu, sept ans plus tard, d'y revenir enfin !
Résumé : 
Dans la touffeur de l'été islandais, alors que le monde semble se déliter, la narratrice capture la chute de Sno - un flocon de neige esseulé - qu'elle va s'employer à sauver de la mort par fonte... Comment interpréter pareille survenue ? Est-ce le destin du monde qui est en question... ou celui de celle qui a reçu Sno ?
Reconnaissons-le aussitôt, Déliance est écrite avec originalité : un texte aux allures de journal intime, dont les treize chapitres sont numérotés en islandais - on le suppose en tout cas - de un (ein) à zéro (null), et une histoire déroutante où la narratrice raconte les transformations d'un monde où l'été va tirer sa révérence - alors même que son propre corps devient froid, comme par imitation du flocon de neige impromptu et pourtant annonciateur du destin. Le temps fictionnel est difficile à quantifier : de toute évidence, une saison au moins s'étire entre le début et la fin de cette histoire. L'ensemble est flou, et c'est sans nul doute fait exprès : ce qui intéresse Sabrina Calvo c'est plutôt la poésie qui se dégage de cet univers où le corps humain semble se faire oeuvre d'art.

Point de cette fumisterie que j'avais eu l'impression de détecter dans Pragmata, peu d'humour aussi et en fin de compte peu de compréhension de ma part... C'est original, c'est bien fichu, c'est dans le thème, et je ne vois pas ce qu'il faut comprendre à cette histoire. Il est vrai que je suis rétif à la poésie... et c'est peut-être bien la raison pour laquelle je suis passé à côté de Déliance !

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