Avaler la Terre

La huitième nouvelle de l'Anthologie des Utopiales 2019 est signée Michael Roch, et elle porte un titre à tout le moins surprenant.
Résumé : 
Clod est traducteur. Il a été envoyé dans la ville ouvrière qui prospère à côté de la foreuse géante, là où la fille de son employeur semble attiser une révolte. Il s'agit de remettre les ouvriers au travail et de convaincre la jeune femme de se mettre à l'abri avant l'arrivée de la tempête... Ces missions bien que simples ont-elles pour autant le moindre sens ?
Dans ce futur mal défini, le monde va mal - plus encore que maintenant, s'entend : stratification sociale avancée, petit peuple cantonné aux tâches manuelles, climat dérangé, planète surexploitée... Le langage lui-même porte la marque de ces dénaturations, si bien que pour être compris on doit souvent recourir à l'assistance d'un traducteur - seul corps de métier à même de garantir une intercompréhension puisque les ouvriers parlent un créole très éloigné du dialecte des patrons. Les amateurs du genre seront donc en terrain connu - même s'ils manqueront peut-être de remarquer que si le créole des ouvriers se remarque dans le texte, c'est parce que celui-ci est par ailleurs bel et bien rédigé... dans l'autre langue !

L'avenir est bouché mais l'insoumission n'a pas disparu : si les ouvriers ne semblent pas remettre en question la logique d'exploitation de l'environnement, ils commencent par contre à douter (peut-être en cela encouragés par leurs meneurs) de la science officielle qui prédit l'arrivée d'un ouragan. C'est ici que l'auteur m'a perdu car j'ai fini par ne plus trop savoir quel était le discours tenu. Faut-il comprendre que la science est suspecte puisque maniée par des gens "de la haute" ? Ou bien s'agit-il d'une cynique analyse au quinzième degré destinée à nous faire comprendre que l'humanité n'est pas bien partie ? Dans les deux cas, je n'ai guère été convaincu... Tant pis !

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