The Promised Neverland tome 4

Je poursuis ma lecture (et ma découverte) du manga The Promised Neverland. Shōnen à mon sens estampillé dystopique, son tome précédent donnait à penser que l'évasion attendue ne serait pas aussi facile que le voulait le plan initial...
Résumé : 
"Maman" Isabella tombe le masque : elle sait ce que préparent ses trois pensionnaires les plus brillants... et vient de casser la jambe d'Emma histoire d'enrayer leur plan ! La jeune fille en a pour plusieurs semaines d'immobilisation, ce qui compromet la fuite si bien planifiée... Le départ de "Soeur" Krone est dans ce contexte bien insuffisante pour équilibrer le jeu : Norman sera livré bientôt et même une fois Emma rétablie, elle sera seule avec Ray pour organiser un nouveau plan d'évasion. Une fois Norman parti, Emma et Ray auront fort à faire pour compenser la perte de son intelligence... Parviendront-ils à duper "Maman" alors qu'elle semble avoir toujours un coup d'avance ?
Le danger, à ce stade du développement de l'intrigue, aurait été pour les auteurs de faire progresser leurs personnages trop vite : la péripétie que représente l'intervention de "Maman" Isabella et la blessure d'Emma joue dans ce contexte un rôle double. Il s'agit tout d'abord de forcer les enfants à revoir leur plan bien huilé - on rappelle qu'aucun plan ne résiste très longtemps à l'expérience du terrain - et à trouver une solution de rechange... mais aussi de les contraindre à se séparer. Le trio fusionnel formé par Emma, Norman et Ray avait réussi à déduire un certain nombre d'informations quant à l'univers où ils évoluent... avec le départ de Norman - le plus intelligent des trois - la quête va se faire plus ardue : d'abord parce qu'il s'agit de doubler Isabella, mais aussi parce qu'il faut envisager au mieux la lutte pour la vie dans le monde extérieur... deux tâches redoutables à entreprendre sans le pouvoir de déduction de Norman.

Je le dis souvent, une dystopie est réussie lorsqu'elle prend en compte trois dimensions importantes : la dénonciation - qui est la plus triviale et qui, de Hunger Games à Darkest Minds en passant par Labyrinthe, est usée jusqu'à la nausée par l'imaginaire contemporain - la proposition - plus difficile à formuler : il suffit de savoir s'émouvoir pour dénoncer alors que pour proposer il faut réfléchir - et surtout l'évasion - laquelle est presque toujours mise de côté : le nihilisme est à la mode, en ce moment. The Promised Neverland est l'une des premières dystopies qui me semble tenter l'exploration de ces trois dimensions : les protagonistes dénoncent, ils proposent... et ils envisagent d'abattre le système où ils ne sont qu'un bétail, ce qui veut dire qu'ils s'évaderont. Il est fascinant de constater à quel point une dystopie est intéressante quand elle admet ces trois dimensions : cela marche, et c'est pour cela que le lecteur accepte les difficultés toujours plus marquées qui obstruent le chemin des protagonistes.

Le dessin reste maîtrisé avec un talent consommé. Il est stupéfiant de constater à quel point les personnages, bien que typés manga, savent exprimer une large palette d'émotions et aussi éveiller la sympathie comme la répulsion chez le lecteur. Les décors sont eux aussi crédibles : Grace Field House avec ses murs anciens et son environnement chaleureux finit par ressembler à une maison hantée... alors que la forêt quant à elle, par nature inquiétante, se fait mystérieuse et joue son rôle de porte vers l'inconnu. The Promised Neverland conserve par conséquent tout son intérêt !

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