Les blogueurs parlent aux blogueurs - Albedo
Au début des années 2010, l'excellent Gromovar avait pris une initiative chaleureuse et passionnante : il s'agissait d'interviewer les blogueurs de ce qui était déjà le Planète-SF, réalisant ainsi une oeuvre de connaissance de la blogoSFFFère.
En ce début des années 2020, cette communauté a changé : des anciens sont partis, d'autres sont toujours là, et des nouveaux sont arrivés. Le moment, d'après moi, est revenu de faire le point et de nous interroger en tant que blogoSFFFère sur nos aspirations et nos liens communs. Avec la permission de Gromovar, inventeur du concept, je reprends par conséquent la rubrique Les blogueurs parlent aux blogueurs !
Et aujourd'hui, c'est au tour de Lutin82 de nous parler d’elle...
En ce début des années 2020, cette communauté a changé : des anciens sont partis, d'autres sont toujours là, et des nouveaux sont arrivés. Le moment, d'après moi, est revenu de faire le point et de nous interroger en tant que blogoSFFFère sur nos aspirations et nos liens communs. Avec la permission de Gromovar, inventeur du concept, je reprends par conséquent la rubrique Les blogueurs parlent aux blogueurs !
Et aujourd'hui, c'est au tour de Lutin82 de nous parler d’elle...
1. Bonjour, peux-tu te présenter en deux mots (tu peux être aussi brève que tu veux… jusqu’au néant)
Loetitia, apicultrice depuis une dizaine d’années, passionnée d’imaginaire depuis mes plus vieux souvenirs. (Auparavant, météorologue )
2. Pourquoi avoir créé un blog ? Est-ce le premier ? Le seul ?
La création du blog est la conséquence de nos habitudes de vie. Nous vivons à la campagne, dans, un tout petit village et une grande commune boisée. Le village est à la fois proche, mais trop loin des villes pour entretenir une vie culturelle animée et partager les moments d’émotion ou de réflexion liés à mes lectures et mes différentes découvertes. Mon époux lit bien moins que moins et ne s’intéresse pas autant à la SFFF, ni aux jeux de plateau que moi. Le blog est donc apparu comme un vecteur d’échanges et de découvertes. Albédo n’est pas mon premier blog. J’avais initialement un livre-journal sur le net qui partait dans toutes les directions, sans but, sans ligne claire, et ce camaïeu du billets ne me convenait plus. Il n’encourageait pas les échanges liés aux romans qui me tenaient à cœur. J’ai abandonné, lassée. Plus tard, cette envie de parler de mes lectures, de découvrir ceux que d’autres pouvaient penser, en dehors du milieu éditorial, avec de simples lecteurs comme moi a refait surface. C’est ainsi qu’Albédo est né, avec un focus sur la SFFF.
3. Combien de temps y consacres-tu ?
S’agissant du blog lui-même, plusieurs heures par semaine. Je prends le temps le matin durant mon café de visiter les sites des blogopotes, et si j’ai suffisamment de temps, de laisser des commentaires. La lecture aussi se chiffre en plusieurs heures par semaine. Cela réduit considérablement le temps disponible pour regarder l’incurie proposée pas les chaines TV.
4. Blogues-tu tout ce que tu lis ?
Non, loin de là. Je me concentre sur la SFFF dans mon blog, et souvent sur les livres qui m’ont au minimum plu. Je ne prends pas le temps - car pas assez - pour faire un point des autres lectures.
5. As-tu déjà lu certains livres simplement parce que tu te disais que ça pourrait faire un article intéressant pour ton blog ?
J’ai été tentée, j’ai des romans qui sont entrés dans ma Pile à Lire avec cette idée en tête, ils y sont restés. Preuve d’une idée non viable pour ma part.
6. Lis-tu en VO ? Si oui, en quelles langues ?
Oui, je lis en anglais.
7. Blogues-tu avec ou sans roleplay ? Si c’est le cas, que représente ce roleplay pour toi ?
Les 2! Dans mes billets sur les livres lus, je ne fais pas de roleplay. C’est ma personne qui exprime ses sentiments, réflexions et impressions sur le texte lu. Cela est important à mes yeux, pour communiquer ma sincérité, l’authenticité de ce que je livre. Il en va de même dans mes billets récapitulatifs mensuels, j’y évoque mes abeilles, mon activité apicole, quelques tracas, ... Souvent mon époux souligne que je mets « trop de moi » dans mon blog et que je m’expose trop, (car les réseaux sociaux sont pour une part assez malsains). Il me sait sensible et émotive. Il y a d’autres articles avec lesquels je m’amuse, et c’est vraiment RP. Ma PAL intervient, c’est une coquine très gourmande et entêtée. Quand j’animais des challenges, c’est la même chose, je m’amusais à faire intervenir différents personnages (des marmottes, les fous du volant, …).
8. Depuis combien de temps lis-tu de la SFFF ?
Depuis que je sais lire, vers l’âge de 7 ou 8 ans. J’ai commencé avec une nouvelle d’Asimov avec des robots. Je ne me souviens plus du titre, c’était dans un magazine, mon premier. J’étais convertie d’entrée à la SFFF.
9. A quel rythme lis-tu ?
C’est assez variable. Je peux lire 100 pages en un jour comme presque rien. En moyenne, je lis 5 à 6 romans dans un mois.
10. Que trouves-tu dans nos littératures de genre ?
Tout. L’émerveillement, l’émotion, l’exploration, la réflexion, la sensibilité, l’héroïsme, l’amour, la bonté, et à l’inverse la cruauté. Tout. Les frontières du possible qui sont explorées, et souvent dépassées.
11. Partages-tu cette passion avec ton entourage ?
Les enfants ont été très influencés… Ils y sont à pieds joints !!!
12. Quelle a été ta première lecture SFFF ? Te souviens-tu de l’occasion qui t’a amené à cette lecture ?
Je l’ai évoquée plus haut. Une nouvelle d’Asimov avec des robots dans un magazine, mais je ne souviens pas du titre. Je savais tout juste lire et cela a été une grande source de motivation pour lire plus facilement, mieux.
13. Peux-tu nous décrire un (ou plus) grand souvenir de SFFF ?
Question délicate. En film, la première fois que j’ai vu La Planète des Singes, la fin a été un choc, que seul la SF peut provoquer (à mon sens). En terme d’émotion, Je ne suis pas une Légende de Matheson. « Quelques jours plus tard, le chien était mort. »
14. Quel est le livre qui t’a le plus marqué récemment ? (Répondre sans réfléchir)
Un feu sur l’Abîme de Vinge.
15. Vers quelle étiquette SF, F, ou F, va ta préférence ? Et pourquoi ?
La SF, elle est la plus polyvalente, la plus novatrice, multiforme, infinie. Nous pouvons y trouver de tout, une exploration inouïe de nos frontières, mais aussi de nos âmes. C’est à mes yeux un vecteur de réflexion (ludique) incomparable.
16. Comment ont évolué tes goûts entre tes débuts en SFFF et aujourd’hui ?
Le blog a une influence notable. Je fais des recherches sur les auteurs avant de publier un article, j’en fais également si c’est pertinent comme avec Kay sur l’histoire, les pays. J’ai un regard qui est devenu plus attentif et plus exigeant. Inévitablement, le parcours de lecteur évolue, nos attentes s’accroissent. Mes chroniques m’ont poussée à réfléchir sur le contenu d’un roman, pas uniquement sur les sensations et émotions pures. Je suis devenue plus sensible à la qualité d’écriture, à la cohérence, à la construction des univers et de la minutie apportée à celle-ci. Je suis également plus patiente, pour ces mêmes raisons, un roman peut prendre un peu de temps pour se développer, pour m’offrir un voyage qui mérite le détour. Par exemple, je ne sais pas si j’aurais apprécié un roman de Guy Gavriel Kay quand j’étais adolescente en raison d’un rythme très posé. Il me fallait de l’action et des dialogues à cette époque.
17. Quels sont tes auteurs préférés ? Pourquoi ?
Poul Anderson, un auteur qui parvient à combiner aventure frénétique, réflexion et histoire du futur avec brio. Peter Watts, un génie de la spéculation SF, et qui rend la hard-SF accessible. Guy Gabriel Kay, de la Fantasy basée sur l’Histoire, des textes très documentés, une construction d’univers merveilleux, ainsi que des personnages palpables. Adrian Tchaïkovsky, un touche-à-tout prolifique qui peut produire des textes comme Le Dernier des Aînés ou Dans la toile du Temps, 2 pépites. Parfois, ce n’est pas aussi réussi. Conan Doyle : Sherlock Holmes !!! Alexandre Dumas : l’aventure, le romanesque, le souffle épique ! Victor Hugo : le Génie. Il me faut le dire en un seul terme, ou quelques pages… Baudelaire : sa poésie me touche toujours, j’éprouve beaucoup d’émotion à la lecture de ses poèmes. Emmanuel Chastellière : des univers très immersifs, des aventures prenantes et des personnages mémorables. Et puis, Célestopol !
18. Y a-t-il des livres que tu regrettes d’avoir lu (temps perdu) ? D’autres que tu aurais regretté de ne pas voir lus ?
Tous les mauvais à mes yeux ! J’aurais regretté de ne pas découvrir Poul Anderson, Kay, ou Watts…
19. Y a-t-il des auteurs dont tu lis tout (ou voudrais pouvoir tout lire) ?
Je lis tout de Peter Watts. Tout. Je suis presque à jour. Il me manque Echopraxie. Il y a d’autres auteurs avec lesquels j’ai une appétence « complétiste » : Kay ou Poul Anderson, mais je suis loin du compte. Emmanuel Chastellière - il me manque 2 romans de sa bibliographie dont un jeunesse (fort probable que je ne le lise pas). Audrey Pleynet, j’ai aimé, voire adoré, tout ce qu’elle a écrit et je convoite son dernier roman : Sintonia. A l’issue, j’aurai tout lu d’elle.
20. Vas-tu voir les auteurs sur les salons ? Ramènes-tu des interviews, des photos, des dédicaces ?
Une seule fois, j’ai eu le plaisir de croiser Guy Gavriel Kay. Je suis assez timide, je n’ai pas pu sortir autre chose qu’un bonjour. Donc, ce n’est pas une bonne expérience. Je peux ramener une dédicace.
21. Que penses-tu de l’œuvre de Bernard Werber ? Et de celle de Maxime Chattam ?
Je suis passée à côté des oeuvres de ces deux auteurs. Il faudrait que je tente à nouveau, car, pour l’un j’ai étais déçue par un roman, sans doute bien trop vanté pour son propre bien. Cela a fait pschiiit. Et pour Maxime Chattam qui est dans le JDR avec une belle créativité, c’était la maquette d’un de ses romans qui m’avait contrariée, le texte n’occupait que la moitié de la page, donc d’énorme bas et haut de page tout vide. J’ai perçu le roman comme creux, sans lui donner sa chance.
22. Tes fournisseurs : librairies, bouquinistes, Internet ?
Les 3, mais surtout bouquinistes et internet. La librairie près de chez moi ne fait de la SFFF qu’avec parcimonie, et me regarde d’un air particulier quand je commande un livre de SFFF.
23. BD, comics, mangas, ou non ?
Non. Pas le temps. J’ai aussi une passion pour les jeux de plateau.
24. Lis-tu aussi de la littérature « blanche » ? Si oui, qui aimes-tu particulièrement parmi les auteurs étiquetés « blanche » ?
Je lis également des romans historiques, des policiers, des thrillers. J’ai horreur de la romance, ou des textes moralisateurs. Je n’ai vraiment d’auteurs qui me tiennent à coeur, car je n’ai pas autant d’affection pour la « blanche ».
25. Tentative de Weltanschauung : qu’aimes-tu comme musique ? Comme cinéma ? Quel est ton loisir favori ? Plutôt matérialiste ou idéaliste ?
J’aime le hard rock des années 70/80, le blues, le jazz et la musique classique plutôt du XVIIIème et XIXème siècle. La pop dans une moindre mesure, la variété française actuelle, pas des masses en raison de textes assez pauvres. J’apprécie aussi la country, ce qui m’étonne beaucoup. En cinema, forcément, la SFFF attire mon regard. Néanmoins, j’aime un bon policier. Il y a deux, trois séries cultes que j’apprécie de voir et revoir : Battlestar Galactica 2003, X-Files et Person of Interest. Dernièrement, j’ai adoré Shogun. Outre, la lecture, j’adore le sport, et les jeux de plateau. La vie a largement contribué à atténuer mon idéalisme, je me classerais non pas dans matérialiste, mais dans réaliste.
26. As-tu une liseuse ? Quel est ton rapport à la lecture numérique ?
Oui, j’ai une liseuse, que je n’utilise qu’en voyage.
27. Quel est ton rapport à Internet ? Connectée depuis longtemps ? Quel est ton rapport aux réseaux sociaux ?
J’éprouve une désillusion profonde par rapport à Internet et aux réseaux sociaux. Une grande méfiance aussi, et je constate que l’anonymat pousse à faire ressortir chez une partie des connectés les plus vils instincts. La bienveillance et la tolérance sont battues en brèche bien souvent, et même dans notre microcosme SFFF, j’ai rencontré ces comportements. Ce qui m’a bien déçue car j’idéalisais ce milieu, en l’imaginant très ouvert et tolérant. Car l’aventure de la SF essentiellement, c’est altérité, la compréhension de divers points de vue, de positions différentes… bref, ce n’est pas totalement le cas.
28. As-tu des projets d’écriture de fiction, ou est-ce que tu en as eu par le passé ?
Pas du tout. Je n’ai jamais été attirée par l’écriture.
29. Sans y répondre, quelle question aurais-tu aimé que je te pose ?
Pourquoi le nom d’Albédo.
30. Une dernière chose à dire au lectorat en délire ?
Non, je me suis assez ouverte.


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