Übel Blatt tome 2

Le tome 2 de la série Übel Blatt est en réalité... un troisième volet compte-tenu de l'étrange numérotation (débutant par zéro) de cette série que je continue ici à rétro-chroniquer !
Résumé : 
Les Sept Héros viennent de contempler l'effondrement du mur de silex qui avait autrefois ralenti la progression de l'armée des ténèbres de Wischtech. Au château de Mondenburg, la prophétesse impériale est prise d'un malaise... et Köinzell, saisissant sa chance, s'envole afin d'éliminer ses sept ennemis qui sont maintenant à sa portée. Illusoire espoir : à peine devant le même Glenn qui lui a jadis détruit l’œil gauche, le voici maîtrisé par la garde personnelle du Marquis... Et incapable de se libérer, le demi-elfe doit même subir le pardon de son ennemi ! La leçon est terrible, mais elle lui permet de comprendre désormais la motivation des sept traîtres qui l'ont jadis mutilé : Glenn en particulier désirait le pouvoir et l'adulation du peuple. Comment fera-t-il dans ces conditions pour accomplir sa vengeance ?
Vingt ans de lente maturation d'une volonté de vengeance, plusieurs premiers exploits et au bout de la route : les sept faux héros et vrais traîtres que Köinzell a dans son viseur. Jusqu'à présent, la quête du demi-elfe avait été rectiligne puisque pas un ennemi ne lui avait résisté longtemps, pas même ceux qui usaient de magie noire ; il y avait par conséquent un peu de place dans la narration pour voir se dessiner un Köinzell parfois sensible et même gamin par moments. Cette fois-ci, on le découvre en quelques pages impuissant et à la merci de son pire ennemi - qui commet alors l'erreur de le libérer afin de rendre sa propre légende plus belle encore, en toute ignorance. Dans le même temps, Köinzell va se retrouver un peu contre son gré encadré de son premier groupe d'alliés fiables, dont les motivations se révèlent peu à peu même si elles ne sont pas toujours des plus claires - et c'est pour lui le début d'une quête secondaire qui pourrait bien cimenter de fortes amitiés, mais aussi l'amener à réaliser son premier objectif.

Glenn se révèle ici comme un ennemi formidable, maître en manipulations politiques : vingt ans après sa trahison, il semble être devenu un personnage très influent et peut-être même le premier des "Sept Héros". Comment imaginer que pareil salopard pourrait renoncer à un iota de son pouvoir si mal acquis ? En une seule apparition, Glenn s'affirme donc d'ores et déjà comme l'antagoniste principal de Köinzell : un ennemi d'autant plus dangereux qu'il attire à lui de fortes loyautés, dont certaines même proviennent d'individus positifs tels que Rosen. Cet album confirme donc, à deux reprises au moins, que la quête vengeresse de Köinzell vise à détruire non pas tant des individus certes corrompus qu'un système de pensée mensonger. Le peuple croit à la légende des Sept Héros - mais cette légende étant usurpée, le peuple vit dans l'ignorance et la corruption... et si la vengeance de Köinzell est avant tout personnelle, voici qu'elle promet de le dépasser lui-même.

Ce troisième tome confirme donc l'intérêt qu'il convient de porter à Übel Blatt : ce n'est pas une simple réminiscence d'un Kill Bill, mais plutôt une histoire de fantasy très atypique; une histoire où l'anneau de pouvoir ne serait pas un artefact mais un concept - et où l'individu capable de l'éliminer agirait au péril de la réprobation de tous. Au fond, la justice et la vérité violées n'en valent-elles pas la peine ?

Commentaires