Generations lost and found

Le numéro de juillet/août 2018 de la revue Analog propose une nouvelle aussi courte qu'intéressante, écrite par un certain Evan Dicken.
Résumé : 
Le vaisseau Zheng He, après un très long voyage, arrive enfin en orbite d'une planète habitable du système de Gliese 487. Pour l'équipage de ce vaisseau générationnel, c'est l'aboutissement d'une mission au long cours - mais c'est aussi une promesse d'incertitude : les colons endormis à bord n'auront bientôt plus besoin du vaisseau et des spécialistes qui l'ont piloté pendant des siècles. Que vont-ils devenir ?
Les voyages spatiaux à vitesse infraluminique, dès lors qu'ils impliquent une distance assez grande, sont réputés sans retour. Or l'entropie ne cesse de faire son oeuvre : les machines se détériorent, voire tombent en panne... et il faut dès lors les remplacer d'une façon ou d'une autre. Les ingénieurs de bord peuvent bien développer toutes les astuces qu'ils veulent - comme ce que l'on voit dans un Destination ténèbres par exemple - à un moment ou à un autre la technologie fera défaut... et il faudra trouver d'autres solutions. A bord du Zheng He, l'équipage a entrepris de pallier aux ratés de la technologie par une adaptation biologique poussée : les membres des différentes équipes passent dans des "bains génétiques" leur permettant de développer des membres ou des organes des sens nouveaux. Les connaissances ne sont plus transmises par l'apprentissage mais bel et bien par l'instinct et les générations nouvelles sont plus efficaces que celles qui les précèdent. L'évolution à bord produit donc une variété humaine originale et inconnue par ailleurs... à tel point que les colons qui, eux, n'ont pas changé dans leurs caissons d'hibernation, font figure d'anormaux !

Ce que l'auteur nous raconte ici, ce n'est donc rien de moins que la naissance d'une post-humanité spatiale qui n'a plus sa place à la surface d'une planète. Son environnement, ce sont les couloirs d'un vaisseau et non l'atmosphère et la gravité d'un monde... Et dans ces conditions, la promesse de démantèlement du vaisseau s'apparente à une sentence de péremption. L'occasion, pour ces colons d'un autre genre, de prendre leur indépendance et - peut-être - de fonder le noyau d'une culture guildéenne interstellaire... Bravo !

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