Le Nez de Cléopâtre

Voici un recueil de nouvelles de Robert Silverberg, retrouvé dans ma bibliothèque, et que je me suis dit pouvoir lire assez vite... Il comprend six nouvelles dont voici les résumés.

Légendes de la Forêt Veniane : vers l'an 2650 ab Urbe condita, Tyr est un jeune adolescent de Panonie supérieure, pas très loin de Venia, qui lui paraît la ville la plus belle du monde. Un jour, à la recherche d'une maison hantée dans la forêt, lui et sa soeur découvrent un pavillon de chasse qui fut celui de l'Empereur, avant que l'Imperium ne soit remplacé par la Seconde République. S'y terre un vieil homme, plus mort que vif, qui n'est autre que le frère de l'Empereur assassiné des années plus tôt... L'homme, qui pourrait revendiquer la pourpre des Césars, va offrir aux enfants des cadeaux venus des lointaines provinces de l'Imperium, du Japon à Nova Roma, le continent des hommes à peau rouge... Les histoires du vieil homme vont-elles conduire les deux enfants à douter de la légende républicaine ? Une nouvelle plutôt réussie, que j'ai beaucoup appréciée, même si le point de divergence de l'uchronie n'est pas révélé...

Le Traité de Düsseldorf : en 1959, Karn, infiltrateur du Réseau héthivarien, vient sur Terre pour vérifier que le flux historique se déroule bien selon ses calculs. Il a en effet tout préparé, près de cinquante ans plus tôt, pour que l'Allemagne remporte la Première Guerre Mondiale et ouvre une ère de tranquillité internationale. Mais il découvre une civilisation bien plus avancée qu'il ne le croyait possible, et surtout, nulle trace du Traité de Düsseldorf qu'il avait manigancé dans l'ombre... Pourra-t-il sauver le Réseau héthivarien, menacé de vassalisation par une espèce humaine trop avancée ? Pas mal fichue, celle-là non plus, même si elle repose plus sur le concept d'univers parallèles que sur celui d'uchronie.

Tombouctou à l'Heure du Lion : la peste noire, jadis, a éliminé les trois quarts de la population européenne. Au XVème siècle, ce qui restait des royaumes chrétiens a été conquis par l'Empire Ottoman. Cinq siècles plus tard, le puissant Etat turc est entré en décadence : même si le turc est encore la langue de la diplomatie internationale, l'Angleterre a repris son indépendance. A Tombouctou, le pouvoir va changer de mains : l'Emir est mourant, et son fils est prêt à prendre la relève... Des ambassadeurs des puissances majeures (Empire Ottoman, Mexique, Pérou, Russie et Angleterre) sont venus assister aux funérailles annoncées ainsi qu'au couronnement du futur Emir. Mais n'ont-ils pas d'autres intentions ? Le prince héritier des Songhaï va-t-il pouvoir sauver son puissant royaume des visées impérialiste du Mali tout proche ? Intéressante uchronie mettant bien en lumière la notion de raison d'Etat.

Le Sommeil et l'Oubli : Mike est un universitaire, l'un des seuls spécialistes du khalka (langue mongole) aux Etats-Unis. Son ami Joe, un physicien, a inventé un curieux appareil qui permet de communiquer... avec des gens morts depuis des siècles ! Et il se trouve que l'un des interlocuteurs n'est autre que Gengis Khan... Mais un Gengis Khan devenu byzantin. Comment expliquer cette bizarrerie ? Plutôt décevante et mineure, celle-ci...

Entre un Soldat, puis un autre : des informaticiens reconstituent dans un ordinateur une simulation de Francisco Pizarro (note : désigné par "Pizarre" dans la nouvelle). La simulation les surprend et même les effraie par la rapidité avec laquelle Pizarre comprend qu'il est un "spectre" et se met à philosopher avec eux. Ils décident alors de lui opposer Socrate... Pas d'uchronie là-dedans, à peine une histoire de monde parallèle par simulation informatique. Pas du tout convaincant.

Basileus : un mathématicien à tendance monomaniaque, chargé de surveiller les éventuels départs de missiles soviétiques à destination des Etats-Unis, programme des anges dans son ordinateur personnel. Au fur et à mesure que le temps passe, les anges qu'il bricole sont de plus en plus autonomes et à tendance apocalyptique... Quel sera le rôle de Basileus, l'ange dont il a eu l'idée peu de temps avant d'avoir à prendre quelques jours de congé pour surmenage ? Pas d'uchronie et pas d'univers parallèles là-dedans, une nouvelle sinistre et dont l'objet m'échappe.

Dans l'ensemble, un recueil contenant quelques nouvelles sympathiques, à lire si vous l'avez dans votre PàL, mais après lequel il n'est pas nécessaire à mon sens de courir.

Commentaires

Guillaume44 a dit…
J'aime bien Silverberg. Quand il écrit quelque chose de fort, c'est toujours détonnant.
Ferocias a dit…
Tombouctou à l'Heure du Lion: la divergence ressemble à celle de La Porte des mondes

Peux-tu m'en dire plus sur la nouvelle avec Pizarre?
Anudar a dit…
@Guillaume44 : je ne le connais pas encore assez pour en juger...

@Ferocias : pour "Tombouctou...", il y a une préface où l'auteur fait en effet le lien avec le roman dont tu parles. Et que je n'ai pas lu.
Pour "Entre un soldat...", les deux simulations se mettent à chercher Atahualpa car Socrate démontre à Pizarro qu'il n'a pas agi à son égard comme sa propre "éthique" aurait dû le lui dicter.
lael a dit…
La première nouvelle est tirée de son roman (recueil de nouvelles plutôt mais ça se suit) Roma Aeterna où il nous raconte ce que serait devenu le monde à travers les millénaires si l'empire romain était toujours en place. Hors contexte elle doit être bien moins interessante. L'une des nouvelles que j'ai le plus aimé sur le roman. (ma critique est en cours d'écriture ^^)

Silverberg j'aime bien, mais après il a tellement écris que c'est pas toujours pareil XD
Anudar a dit…
Pas tout à fait "tirée de son roman" ;) ... Il y a une divergence entre les deux contextes historiques. Et oui, Silverberg a une véritable richesse d'écriture.
El Jc a dit…
Sais tu si ces textes figurent au sein de l'intégrale en trois tomes parues chez j'ai lu ou si ce sont des textes plus récents ?
Anudar a dit…
Alors là, je n'en sais rien du tout... Désolé...
Ferocias a dit…
Merci pour les infos.


Pour EL JC: les nouvelles sont recueillies un peu partout chez J'ai Lu. Des nouvelles du recueil présentées par Anudar n'y sont pas en tout cas.

Sur Noosfere tu peux consulter les sommaires des recueils.