The Ghost Ship Anastasia

Nouvelle détectée par l'intermédiaire d'un article plutôt positif chez Apophis, The Ghost Ship Anastasia est ma première incursion à la fois dans l'oeuvre de Rich Larson et dans la revue Clarkesworld. S'agit-il dans les deux cas de bonnes prises de contact ?
Résumé : 
Quelque chose a mal tourné à bord d'un prototype de biovaisseau lors d'un voyage dans l'espace lointain et un équipage est envoyé à la rescousse. Silas fait partie des sauveteurs et c'est avec angoisse qu'il découvre à son réveil que sa compagne, Haley, a été victime d'un accident d'hibernation. Le temps presse pour ramener sa psyché à la base de Jubilation : il y sera possible de la télécharger dans un robot le temps de faire croître un clone pour Haley... mais chaque jour qui passe est susceptible d'endommager l'enregistrement et de compromettre l'opération. Pourtant, il faudra que Silas grimpe à bord du biovaisseau en compagnie de Io, la mercenaire, et de Yorick, leur donneur d'ordres. Or, l'Anastasia est vide. Où est passé son équipage ? Et pourquoi ses parois internes sont-elles recouvertes d'excroissances biologiques anormales ?
Hardware et software sont les deux mamelles de l'informatique. En adjoignant à ces deux termes un troisième - celui de wetware soit donc, matériel humide - Rich Larson inscrit son texte dans une tradition originale, celle où la technologie converge avec l'organique et où l'informatique finit par ne devenir que la continuation des neurosciences par d'autres moyens. On est assez loin en effet du schéma qu'adoptait Kameron Hurley dans son Les étoiles sont légion ou même de la position des Yuuzhan Vong dans l'univers étendu de Star Wars : ici, la technologie organique n'est pas encore devenue incontournable et la technologie ordinaire n'est donc ni périmée ni blasphématoire. Comme toute nouvelle technologie, celle qui équipe le biovaisseau Anastasia est susceptible de réactions inattendues. Et qu'est-ce qui peut être plus inattendu que l'émergence imprévisible d'une conscience au sein d'un réseau neural artificiel ?

Bien qu'en partie organique, l'intelligence tout juste éclose à bord de l'Anastasia porte la marque de sa genèse inhabituelle. Sa programmation s'impose à ses actions et sa capacité de déduction la conduit à prendre des décisions pour le moins inquiétantes. Quand la machine devient folle, c'est le moment où l'inquiétude se fait jour ; quand la machine devenue folle est le vaisseau, c'est l'équipage tout entier qui est en danger comme nous l'apprenait le 2001 d'Arthur C. Clarke ; et quand le vaisseau devenu fou est organique, c'est là que le vrai cauchemar peut commencer... parce que le wetware humain présente un véritable intérêt : il peut être transformé en matériau de base pour alimenter la croissance de l'ensemble à défaut d'une autre source de matière organique.

Qui est au fond le plus à plaindre dans cette histoire ? Est-ce le malheureux équipage de l'Anastasia qu'un destin ignoble guettait au bout du voyage ? Est-ce le pauvre Silas qui va devoir sacrifier beaucoup et peut-être même son âme pour sauver celle qu'il aime ? Ou bien est-ce le biovaisseau arrivé à la conscience peut-être trop tôt, peut-être trop vite, et qui doit faire face à un environnement hostile et incompréhensible ? Il est tentant de répondre "tous à la fois", et il est agréable de voir comment l'auteur parvient à faire voyager son lecteur sur le fil du rasoir, oscillant entre l'émerveillement et le cauchemar - si bien qu'on est tout à fait porté à lui pardonner la solution quelque peu attendue qui permet aux personnages de s'en tirer à pas trop mauvais compte. Dans l'espace, personne ne vous entendra hurler - mais personne non plus ne vous entendra soupirer de soulagement  !

Commentaires

Le Maki a dit…
Ca donne envie, encore un récit qui suinte et qui dégouline !
Anudar a dit…
Autant que de la confiture ;)
Gromovar a dit…
Et pas meilleur.