Atlantide - Terre engloutie tome 2 : Dunes de sable

Je parlais il y a quelques temps du premier tome de la série jeune public Atlantide - Terre engloutie : le début de cette histoire me paraissait assez honnête pour convaincre aussi bien les jeunes nouveaux explorateurs du mythe atlante que les atlantomanes les plus chevronnés. L'argument et le dessin étaient en tout cas assez convaincants pour justifier que l'on prête attention au volume suivant de l'histoire...
Résumé : 
Après avoir été les témoins d'une scène aussi étrange qu'inquiétante, Jean et Corinne se sont échappés du château en compagnie du frère Adrien. Le Comte Dubois, revêtu d'un masque et d'un costume de carnaval, habite maintenant les cauchemars de Corinne... Ce qu'elle ne sait pas, c'est que le noble n'a pas renoncé à mettre la main sur le frère Adrien et sur les enfants qui lui ont rapporté ce qu'ils n'auraient pas dû voir : partout sur les terres qu'il contrôle ses sbires placardent un avis de recherche contre forte récompense ! Nul doute que des esprits moins pieux que ceux du frère Adrien et de son protecteur, le père Michel, ne manqueront d'être saisis de convoitise et d'être tentés par la trahison. Pourtant, les enfants ont apporté au frère Adrien les éléments qui lui manquaient et qui concrétisent ses pires soupçons : le Comte Dubois fait partie d'une société secrète millénaire déterminée à mettre la main sur le savoir perdu de l'Atlantide... afin d'acquérir un pouvoir illimité ! Face aux ambitions du Comte, le frère Adrien et ses deux protégés n'ont plus que la fuite comme échappatoire... mais comment se soustraire à un ennemi qui contrôle toutes les routes ?
L'exposition se poursuit dans ce deuxième album : la série commence à mériter son titre - puisqu'il est enfin question d'Atlantide - et l'aventure semble devoir démarrer. Quelques petits défauts de forme pure viennent faire froncer les sourcils - à commencer par ce clair de lune qui, en quelques cases et autant de minutes, passe de dernier croissant à pleine - mais plus gênantes sont les facilités de narration qu'adoptent les auteurs : l'exposition prend son tour définitif avec un récit linéaire, pour ne pas dire magistral, du mythe atlante. Il est vrai qu'il s'agit d'éduquer les jeunes protagonistes - dont l'ignorance doit sans doute faire écho à celle du jeune lecteur - au contexte même dans lequel cette histoire se déroule ; il était peut-être difficile de s'y prendre d'une autre façon puisqu'au XVIème siècle seuls quelques lettrés possèdent encore quelque connaissance des textes antiques... mais il est certain que cette façon de procéder donne un caractère de greffe à l'ensemble, et c'est regrettable.

Dans le même temps, l'histoire des origines des deux jeunes protagonistes n'est pas le moins du monde clarifiée. A-t-elle même une importance ? Il me semble que réside ici un risque majeur pour la narration future... Ou bien cette histoire des origines est en effet sans importance, transformant alors Jean et Corinne en simples faire-valoir du frère Adrien ; ou bien elle est elle-même liée à l'intrigue et le schéma pourrait alors faire penser à celui des Mystérieuses Cités d'Or. Il n'y a toutefois pas lieu de s'inquiéter, pour le moment : les lenteurs de la narration évoquées plus haut ne permettent pas encore d'avoir une idée précise du schéma retenu par les auteurs au-delà du fait que se joue depuis l'Antiquité un conflit entre une faction scientiste dévorée d'hybris et un groupe voué à une conservation plus bienveillante du savoir. Il n'est en tout cas pas difficile de comprendre de quel côté penche le rêveur frère Adrien - et du coup, de quel côté ses deux protégés vont s'engager à leur tour !

La véritable réussite de cet album reste sa qualité graphique. Le dessin, comme je l'avais suggéré dans ma chronique du premier volume, est assez beau : sa simplicité graphique est trompeuse et ses détails sont en réalité aussi riches que soignés. Aux couleurs douces et au trait en apparence classique s'opposent des éléments de toute évidence empruntés à la BD contemporaine et même extra-européenne. Les auteurs adoptent par conséquent un graphisme à même de plaire à un public international : ce n'est pas un hasard s'ils sont italiens mais que leurs deux premiers albums se passent dans le sud de la France... Le travail graphique cesse même d'être réussi pour se faire magnifique lors des scènes nocturnes, sur lesquelles veille donc une lune dont la lumière pâle éteint les couleurs et se révèle propice à des images presque oniriques.

C'est pour ce soin extrême accordé au traitement graphique de l'oeuvre que cet album n'est pas la déception que l'on aurait pu redouter. Atlantide - Terre engloutie ne tient pas encore toutes ses promesses... mais les auteurs savent s'y prendre pour éveiller la patience de leur lecteur.

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