Hell Creek

Ce texte court signé C. Robert Cargill nous propose d'explorer Hell Creek à une époque charnière pour ce gisement si riche en fossiles : au moment même où l'impacteur de Chicxulub est venu siffler la fin de l'ère Secondaire au Crétacé terminal...
Résumé : 
Tricératops a peur et faim. Juste après que le ciel soit devenu fou, elle a pu - la seule de son troupeau - s'abriter du déluge au plus profond d'une caverne. A la faveur d'une accalmie, elle découvre de la nourriture dans la forêt dévastée... mais aussi que d'autres dinosaures errent encore dans ce monde détruit : certains, comme elle, sont aussi épouvantés qu'affamés tandis que d'autres ne sont plus que des charognes ambulantes et pourtant investies d'un irrépressible instinct de prédation. Trouvera-t-elle des alliés au crépuscule de ses temps ? Saura-t-elle échapper aux dinosaures contaminés par la mort rampante ?
Dinosaures et zombies : les mots-clés sont pressentis presque dès le début de cette histoire ! Reprenant tous les codes de l'imaginaire associés à ces deux univers, Hell Creek offre un contexte fictif et peu orthodoxe pour la formation géologique éponyme... Dans ce texte, l'astéroïde dont l'impact frappe la transition Crétacé-Paléocène ne se contente pas d'apporter avec lui un effet d'hiver nucléaire et donc un changement climatique : il charrie aussi des germes extraterrestres dont certains réaniment les cadavres... et les changent en prédateurs stupides et implacables !

Conférant à ses dinosaures une forme d'intelligence sociale voire de conscience d'eux-mêmes - la première est quasi certaine, la seconde est possible sans être plausible - l'auteur de Hell Creek ne se contente pas d'écrire un texte post-apocalyptique forçant les références au point d'avoir à être pris au soixante-cinq millionième degré. Il s'agit d'une chronique ordinaire d'apocalypse zombie... pour des dinosaures. Après tout, l'être humain ne constituant pas le pinacle de l'évolution, pourquoi aurait-il le douteux privilège d'être le seul à être frappé par une épidémie zombie ? Et si les dinosaures n'avaient cédé la place aux mammifères qu'à la faveur d'une monstrueuse épizootie ?

Dans ce contexte, le lecteur le sait, la perpétuation de Tricératops et d'Ankylosaure sont de toute façon impossibles - puisque leurs espèces sont à présent éteintes... Néanmoins, le fait que l'auteur parvienne à lui faire projeter sur ses grosses bêtes un peu d'empathie très humaine - ainsi que du soulagement quand elles parviennent à se tirer d'affaire - témoigne du talent mis à écrire un texte somme toute assez casse-gueule dans son argument. Bravo !

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