Aboard the Mithridates

Aboard the Mithridates est une nouvelle de Sean Vivier parue dans le numéro de Juillet/Août 2020 de la revue Analog.
Résumé :
Le vaisseau Mithridate porte bien son nom : sa destination n'est autre qu'Héphaïstos, une planète habitable mais dont l'atmosphère riche en soufre et la gravité plus forte vont nécessiter une adaptation progressive des colons humains. Si le génie génétique a son rôle à jouer dans cette tâche de plusieurs générations, l'habituation comportementale en a un autre... et tous les futurs colons ne progressent pas à la même vitesse. Comment Zarah pourrait-elle aider son ami Gavin qui peine déjà, lorsque s'annonce le franchissement d'un nouveau palier de l'adaptation ?
La mithridatisation consiste à s'exposer à des doses graduelles d'une substance toxique pour mieux apprendre à la tolérer : on relie cette pratique au roi antique Mithridate VI, lequel avait résolu de se prémunir ainsi contre les tentatives d'empoisonnement ! Ici, l'enjeu de l'adaptation consiste à faciliter l'installation des colons sur un monde habitable mais hostile, où la survie de l'humanité ne serait sinon pas garantie à l'extérieur des bases à l'environnement régulé. Cette idée d'une adaptation non de l'environnement mais bel et bien de l'être humain, à tonalité herbertienne, fait donc intervenir un double travail : génétique et comportemental. Si tous les individus à bord du vaisseau en viennent à disposer d'un génome adapté - soit donc, du potentiel permettant de tolérer une atmosphère soufrée - il convient de ne pas oublier qu'en biologie, la répartition des individus selon un trait du phénotype se fait souvent selon une courbe de Gauss : en d'autres termes, certains progressent moins vite et finissent par être dépassés dans le projet d'adaptation...

Le dilemme est donc aussi cruel qu'évident : faut-il retarder l'adaptation de tout le vaisseau pour sauver un passager ? Ou bien faut-il admettre que, pour le bien du groupe, l'individu doit s'effacer ? Il y a là de quoi marquer en profondeur la future colonie humaine, avant même son arrivée à destination, et il est intéressant de constater que la solution puisse provenir d'une enfant qui - consciente du caractère sans retour du voyage - ne peut se résoudre à considérer un ami comme une statistique. L'Univers est indifférent, et la spécificité de l'être humain dans son concert est peut-être la notion d'empathie ou l'altruisme entre ceux qui partagent un même destin.

La leçon est aussi belle que rapide : bravo !

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