Nanoscopic Nemesis


Nanoscopic Nemesis est une nouvelle de P.K. Torrens parue dans le numéro de Juillet/Août 2020 de la revue Analog.
Résumé : 
Nanocare™ est une belle invention : programmée avec soin, dotée d'une puissance de calcul redoutable, elle permet de détecter les cellules anormales au sein de l'organisme au plus vite - et donc d'éliminer les tumeurs avant qu'elles n'aient le temps de faire métastase. Pourtant, ce qu'elle détecte un jour est inouï : une cellule agressive au beau milieu d'un tissu par ailleurs tout à fait normal... Qu'est-ce qui a pu lui échapper ? Ou plutôt... pourquoi est-ce que cela lui a échappé ?
L'informatique est volontiers présentée comme le futur de la médecine. Imagerie de plus en plus fine, prévision des risques par le big data, aide au diagnostic et intervention robotisée minimisant l'erreur : les outils numériques semblent offrir une myriade d'avantages promettant de révolutionner la médecine au même niveau que l'introduction de la méthode expérimentale ! Ici, l'auteur confronte la force d'une technologie future à celle d'une maladie coriace, à savoir un cancer agressif : la machine devrait pouvoir intervenir et orienter l'action du système immunitaire - certains lymphocytes de l'immunité innée sont en effet capables de repérer puis de détruire les cellules cancéreuses - afin d'éliminer le cancer avant qu'il ne s'installe... mais celui-ci a réussi à proliférer à bas bruit.

L'événement a de nombreuses implications : tout d'abord, l'échec d'une certaine pratique préventive... et ensuite et surtout, la découverte d'un mécanisme biologique inquiétant car surprenant. La découverte des propriétés de la pénicilline avait ouvert un nouveau champ de la médecine, celui de l'utilisation des antibiotiques ; plusieurs décennies après, nous vivons dans un monde où le fameux slogan "les antibiotiques, c'est pas automatique" se justifie par la perte d'efficacité de ces traitements antibactériens si précieux. On parle de course de la reine rouge pour qualifier ce conflit entre les pathogènes et la recherche médicale : le monde vivant s'adapte sans arrêt aux contraintes nouvelles et les bactéries partagent entre elles des gènes de résistance aux antibiotiques, nécessitant de développer encore et toujours de nouvelles molécules... Le cancer agressif découvert par la machine dans cette nouvelle semble avoir - par hasard - développé une adaptation lui permettant de rester sous le seuil de détection : c'est donc une autre course qui s'amorce, la maladie étant pleine de ressources insoupçonnées qui pourraient requérir de nouvelles mises à jour !

L'hypothèse est intéressante et son traitement aussi, ce qui signifie que cette nouvelle est réussie...

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