Le nombril du monde

Celui-ci était recommandé par l'ours inculte : outre une forte réminiscence des goûts rock'n'roll du regretté Roland C. Wagner, s'échappait du pot de miel comme un parfum de lessive - de celui que j'associe à Charles Stross. Il n'en fallait pas plus pour que je fasse entrer ce livre dans ma PàL !
Résumé : 
Lors d'un tremplin de fête de la musique où son groupe de hard-rock s'est produit, l'OEil est le témoin d'un phénomène étrange qui se produit au cours de la prestation d'un groupe de heavy-metal satanique : le chanteur, un certain Toute la misère du monde, matérialise un véritable ectoplasme rougeâtre à l'allure de démon ! Dans le même temps, de très étranges phénomènes se produisent dans sa petite ville de banlieue : profanations de tombes, activités nocturnes suspectes à proximité d'un menhir et apparitions inquiétantes. Pour l'OEil, il se pourrait qu'il y ait un lien entre ces différents événements ; et pour Yasmine qui travaille à l'Agence Arckham, il se trame quelque chose de pas net et peut-être même de dangereux. Parviendront-ils à conjurer le pire ?
Voici un texte assez court, où j'ai aussitôt retrouvé l'écriture tonique de Roland C. Wagner tel que je l'avais appréciée dans La balle du néant il y a quelques années. J'ai eu l'occasion de dire (chez l'ours) que Roland C. Wagner est un auteur que je n'ai pas assez lu - et il se pourrait bien qu'à l'avenir j'en revienne à ses Futurs mystères de Paris... car ce Nombril du monde m'a donné envie de découvrir pour de vrai cet auteur dévoué aux cultures populaires par essence protéiformes. Et de cultures populaires, il est beaucoup question dans Le nombril du monde : rock'n'roll bien sûr, ésotérisme ou réalisme fantastique, paranormal et même plans d'existence différents. Un cocktail des plus originaux, de très bon aloi, qui commence un peu comme un épisode de X-Files avec une scène horrifiante à souhait - on pense même, à la fin du prologue, entendre jouer les premières notes du générique ! - se poursuit en farce rock'n'roll, se fait enquête historico-policière - avec l'inévitable complot inclus ET la lutte entre sociétés secrètes rivales - finit en baston générale avec intervention d'une faction inattendue - laquelle ne s'attendait d'ailleurs pas à intervenir dans ce contexte, à la vérité - le tout saupoudré d'une quantité mieux qu'agréable d'humour noir et d'ironie.

Sans aucune surprise, l'ensemble se lit vite et presque d'une traite à tel point c'est savoureux et efficace. En effet, l'auteur prend soin dans ce texte de pimenter l'ensemble de sa construction d'un poil de second degré qui lui donne ce caractère presque génial : c'était la seule chose à faire pour que cela marche bien, et Roland C. Wagner le fait presque en passant et sans y penser. Tout le reste coule de source et chaque détail supplémentaire convainc : de l'évocation des livres de poche aux couvertures rouges de la collection L'aventure mystérieuse au "ENCORE RATE" qui précède la conclusion en passant par le clin d’œil au Matin des magiciens de Jacques Bergier mais aussi par la description hallucinée de Toute la misère du monde, l'auteur propose un arrière-plan qui évoque une véritable poubelle mentale. On rigole donc bien volontiers au fur et à mesure que l'intrigue progresse : Le nombril du monde ne se prend pas au sérieux, et c'est bel et bien pour cette raison qu'on lui gardera beaucoup d'affection !

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