L'Enfant et l'Abîme

De Danielle Martinigol, j'ai eu l'occasion d'apprécier par le passé plusieurs romans jeune public. L'un de ses titres les plus connus n'est autre que Les Abîmes d'Autremer, un space-opera qui - à ce que j'ai cru comprendre - est volontiers utilisé par les professeurs de lettres en Collège pour traiter la partie du programme relative aux littératures de l'imaginaire (parce que oui, l'imaginaire est bel et bien enseigné à l'école !). L'Enfant et l'Abîme est un texte court faisant préquelle à ce roman et donnant plus volontiers dans le planet-opera que le space-op' (même si les deux genres sont, il faut bien le reconnaître, assez miscibles).
Résumé : 
Autremer est un monde océanique en cours de colonisation, dont la biosphère est encore mal connue. La famille Maguelonne fait partie des nouveaux arrivants - du moins, la famille moins la mère, tuée par un grave accident pendant le voyage interstellaire. Andjo est le petit dernier de la famille, le rêveur fasciné par Autremer, celui que son père rend responsable de l'amputation de leur famille. Alors, un soir où la main de son père se montre un peu trop leste, il prend la mer : n'a-t-il pas vu dans le ciel une étrange lumière ? Une lumière qui ressemble à celle qui était apparue dans l'espace très peu de temps avant l'accident qui a coûté la vie à sa mère ?
Les lecteurs des Abîmes d'Autremer doivent se souvenir de ce que ce roman raconte une histoire de symbiose entre des nefs vivantes et leurs pilotes. Au contraire de ce qu'il se passe dans Les Chroniques de l'Inquisition où le voyage spatial est rendu possible par la souffrance d'une espèce extraterrestre, l'osmose entre les pilotes et les Abîmes est consentie et joyeuse... Comment s'était établie la première de ces relations symbiotiques ? C'est ce que Danielle Martinigol se propose de raconter dans L'Enfant et l'Abîme. Le voyage d'Andjo est promis à être initiatique : il est entrepris sous prétexte d'évasion - la famille Maguelonne est dysfonctionnelle - mais son objectif est la résolution d'une énigme, celle de la lumière entrevue aussi bien dans l'espace que dans le ciel d'Autremer, cette lumière pour laquelle Andjo éprouve une affinité qu'il ne peut expliquer mais qui préfigure bien entendu sa future osmose avec un Abîme.

Le sauvetage de l'enfant par l'Abîme est tout à fait attendu (sinon, il n'y aurait pas d'histoire ensuite) et la partie intéressante est donc celle du retour à la colonie. L'accueil d'Andjo par sa famille, toujours incomplète mais désormais plus dysfonctionnelle, préfigure de son côté la société d'Autremer telle qu'elle sera observable dans Les Abîmes dont l'intrigue se déroule deux cents ans plus tard : les pilotes sont les ambassadeurs de l'espèce humaine auprès des Abîmes... et garantissent que la présence humaine sur Autremer en est bien respectueuse. Le propos est ici guère plus que suggéré - il est vrai que le temps fictionnel manquait pour l'appuyer - mais il n'est pas inintéressant dans une oeuvre destinée au jeune public. En définitive, L'Enfant et l'Abîme se révèle être un texte court honnête, à faire lire pour prolonger la lecture des Abîmes d'Autremer - ou au contraire pour faire un premier pas vers cette lecture-là...

Commentaires

Vert a dit…
Faudra que je lise cette nouvelle, surtout que j'avais bien apprécié Autremer (c'est le genre de SF que j'aurais aimé lire ado d'ailleurs ^^)
Anudar a dit…
Ah, de mon côté j'aurais beaucoup aimé lire ce livre étant gosse. N'hésite pas à te pencher sur cette nouvelle : vu sa longueur, ça ne vaut pas la peine de s'en priver...