Soroboruo Harbormaster's Log

Voici un texte court tiré du numéro de Janvier/Février 2022 de la revue Analog.
Résumé : 
Soroboruo : une planète neuve, à coloniser, vers laquelle se dirigent d'innombrables vaisseaux remplis de voyageurs au long cours. Certains d'entre eux disposent d'une technologie plus avancée que les autres et arriveront en premier, chaque arrivée se voyant consignée dans le registre du port...
L'un des gags les plus connus de l'univers du western, c'est encore le panneau d'entrée de la ville affichant la population du moment - parfois corrigée de façon hâtive à la faveur des règlements de compte. Ici, chaque entrée du registre du port se conclut par une évaluation de la population planétaire, dont l'augmentation et la diminution témoignent du succès comme de l'échec de la colonie.

Mais qu'est-ce qui fait échouer la colonisation de Soroboruo ? Ce n'est pas l'environnement - réputé paradisiaque, ainsi qu'en attestent les croyances d'un vieux vaisseau générationnel arrivé très en retard - mais bel et bien la médiocrité humaine. Instauration d'une dictature militaire, poussant la xénophobie et l'hybris jusqu'à changer le nom de la planète ; contamination biologique par un pathogène amené par l'un des vaisseaux de colonisation ; lassitude et à la fin épuisement des ressources environnementales... on comprend à demi-mot que l'être humain paye, sur Soroboruo comme sur la Terre, le prix de sa bêtise.

Comme le montre la sanction finale, ce récit en filigrane d'une colonisation manquée ne manque pas d'être pessimiste. Pourtant, la possibilité d'un rétablissement apporte une touche d'espoir : après un premier échec, la colonie se reprend et redevient prospère avant d'échouer tout à fait. Aurait-il été possible de faire autre chose ? Ce bégaiement montre que oui, et que si l'être humain agit souvent avec bêtise, cela ne tient pas à sa nature profonde.

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