The Umbrella Academy saison 3

J'ai déjà parlé ici de The Umbrella Academy : une série un peu déjantée parlant d'une famille de super-héros plutôt dysfonctionnelle. Nous avons été gratifiés il y a peu d'une saison 3, que j'ai pris soin de regarder avec attention.
Résumé : 
Le monde a été sauvé en 1963... mais le "présent" où reviennent les Umbrella n'est pas celui qu'ils espéraient. Pour une raison mystérieuse, leur manoir est désormais frappé non d'un parapluie mais d'un moineau... et mis à part un Ben revenu à la vie, les frères et sœurs qui l'occupent sont différents. Dans cette nouvelle version du présent, Reginald Hargreeves a élevé d'autres Numéros qu'eux-mêmes - et la rencontre entre les Sparrow et les Umbrella se termine au désavantage des derniers. Il y a pourtant pire à craindre : ils n'ont pas leur place dans ce nouveau présent, et voici qu'un kugelblitz naît et grossit dans la cave du manoir des Sparrow. Bientôt, des gens se mettent à disparaître lors des éruptions du phénomène... Les Umbrella parviendront-ils à sauver ce monde bien qu'il ne soit pas le leur ? En auront-ils envie ?
Les super-héros de l'Umbrella Academy sont avant tout super-dysfonctionnels et super-incompétents. Bien que l'ensemble des indices soit sous leurs yeux et qu'un peu de coopération leur permettrait le plus souvent de résoudre les énigmes qui menacent leur existence, ils préfèrent s'attarder sur leurs conflits recuits et leurs rivalités jamais soldées. Les meilleurs ennemis de l'Umbrella Academy, au fond, ce sont ses membres dont chacun a une bonne raison de détester les autres et que les circonstances éloignent toujours plus mais sans jamais les libérer tout à fait. Luther, le doux géant un peu simplet, va connaître le coup de foudre pour l'une des Sparrow ; Allison, à moitié folle d'avoir perdu sa fille avec la précédente version du présent et son mari de 1963, en veut à la Terre entière et recherche les responsables de cette situation ; Cinq, redoutable d'intelligence mais aussi de misanthropie, aspire à prendre une retraite bien méritée... Chacun veut prendre ses distances, mais ne le peut pas et pour bien des raisons, la moindre n'étant pas que la fin du monde frappe encore et toujours à la porte. Alors chacun doit cohabiter, malgré sa détestation des autres, pour le bien commun. La chose peut inspirer une certaine forme de lassitude, chez le spectateur bien sûr, mais aussi et surtout chez les personnages qui finissent par exprimer leur envie d'en finir. L'appel du néant se fait ainsi ressentir dans les derniers épisodes où les personnages ne luttent plus que par habitude, parce qu'ils ne savent au fond rien faire d'autre... et aussi parce qu'ils y sont contraints. Chacun ajoute par conséquent à ses dysfonctions et à son incompétence une dimension supplémentaire : les super-héros de l'Umbrella Academy sont maintenant et en plus du reste super-fatigués.

Qui est l'ennemi dans ce nouveau morceau de l'histoire ? La Commission temporelle a été retirée de l'échiquier par élimination à la fin de la saison précédente ; le personnage de Lila, qui aurait pu devenir une véritable super-vilaine, semble se lisser au contact du pourtant rugueux Diego qu'elle parvient à faire s'élever au-dessus de son rang de Batman au rabais ; les Sparrow sont dangereux et hostiles mais perdent vite leur potentiel de nuisance ; le kugelblitz lui-même n'est qu'un phénomène naturel sans conscience... Le jeu de fausses pistes en égrènera quelques-unes destinées à égarer les personnages sans pour autant tromper le spectateur : pour la première fois sans doute, Reginald Hargreeves - "père" adoptif des Umbrella comme des Sparrow - va endosser de façon résolue ce statut périlleux. Le personnage, énigmatique depuis la première saison, n'était déjà guère sympathique. Cette fois-ci, son excentricité se fait tout à fait inquiétante une fois levés les effets de la camisole chimique imposée par les Sparrow, Reginald révélant que ses calculs permanents vont de pair avec une absence totale de scrupules : ne considère-t-il pas les super-héros qui lui obéissent, en renâclant le plus souvent, comme autant de ressources utiles jusqu'au moment de leur sacrifice ? Il était déjà suggéré que le personnage n'est pas humain dans les saisons précédentes, et celle-ci lève tout à fait le voile à ce sujet même si son apparence réelle n'est pas montrée. Au fond, le super-vilain de The Umbrella Academy, c'est Reginald Hargreeves dont les erreurs entraînent par rebonds différentes versions de la fin du monde. Quels sont ses objectifs réels ? Les Umbrella ont-ils raison ou tort de lui résister ? Peut-il même être vaincu tout à fait ? A nouveau, les dernières images de cette saison laissent à penser qu'une suite est possible voire même souhaitable pour fournir une réponse définitive à ces questions...

Toujours plus sombre, toujours plus drôle, The Umbrella Academy nous rappelle que les super-héros sont humains et donc faillibles... mais que parfois, c'est en faisant des erreurs que l'on réussit. Bravo !

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