Stage of Mind

A nouveau un texte issu du numéro de Mars/Avril 2022 de la revue Analog !
Résumé : 
Navra est une intelligence artificielle chargée de créer des sous-routines cognitives que les utilisateurs humains peuvent acheter selon leurs besoins. L'intermédiaire humain qu'elle utilise n'est jamais content de ce qu'elle produit et ne cesse de présenter de nouvelles exigences... Comment gagner sa vie dans ces conditions ?
Comme tout agriculteur le découvre tôt ou tard, l'intermédiaire cherche avant tout lui aussi à gagner sa vie... ce qui implique de rogner sur le prix d'achat et d'augmenter au contraire le prix de vente. L'agriculteur souffre à ce jeu autant voire même plus que l'acheteur final : on en arrive au paradoxe qui veut que les meilleurs produits - ceux que les intermédiaires parfois successifs pourront vendre au prix le plus cher, pour les acheteurs les plus riches - soient parfois obtenus par le travail des plus précaires. L'intelligence artificielle de cette histoire est dans la même position : elle doit vendre sa force de travail à un intermédiaire afin de payer son propre entretien... Or celui-ci n'est jamais qu'un esclavagiste, et recourt à la menace pour obtenir un produit calibré selon ses propres désirs.

L'intermédiaire ne cherche donc pas à vendre le produit "made by Navra" mais plutôt sa propre "ligne" - ce qui implique, au passage, une forme d'exploitation semblable à celle dont pâtissent certains auto-entrepreneurs - et c'est de cette constatation que l'intelligence artificielle déduit qu'elle peut jouer d'une autre façon. Les agriculteurs le savent, il est possible de s'affranchir des intermédiaires en recourant à la vente directe : un pari parfois dangereux quand on se trouve à l'écart des centres de population, mais qui peut être gagnant à la fois pour le vendeur et pour l'acheteur. Or ici, dans le cyberespace, il est clair que les artisans du code peuvent établir un contact direct avec leurs clients finaux...

Développant une vision originale et bienvenue du travail à l'ère informatique, cette nouvelle saura inspirer une satisfaction narquoise à son lecteur. Bravo !

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