Deadpool 2

Il y a un peu plus de deux ans, je chroniquais le premier passage au cinéma de Deadpool, un (anti) super-héros dont l'apparence fait penser à un Spiderman un peu moins propre sur lui et surtout déjanté au tout dernier degré. Ces dernières semaines, le Marvelverse a de nouveau frappé dans les salles obscures en accouchant d'un second opus des aventures du super-héros taré : pouvais-je manquer d'aller en juger sur pièces ?
Résumé : 
Pour Wade alias Deadpool, il semble que la vie soit désormais sur des rails : il file avec sa copine le parfait amour, le monde lui offre pléthore de méchants à dégommer de la plus gore de toutes les façons, et il est pour ainsi dire invulnérable y compris aux blessures les plus graves. Jusqu'au jour où un méchant plus coriace que les autres ne parvienne à s'infiltrer dans son chez-lui... et à tuer sa copine au moment même où ils allaient concevoir leur premier enfant. C'est en vain que Colossus tente de le sauver de la dépression en le forçant à s'enrôler parmi les X-Men : une bavure plus tard, Wade est bouclé au Blockhaus, une prison de haute sécurité pour mutants, aux côtés de l'adolescent furieux qu'il a maîtrisé. Munis de colliers qui les privent de tout pouvoir, Wade et Russell pourront-ils survivre au Blockhaus ? Rien n'est moins sûr alors que Cable, un flic venu du futur, semble prêt à tout pour éliminer Russell...
Plus trash que Kick-Ass, plus déjanté mais en même temps aussi plus conventionnel que lui - dans ce monde, les super-héros ont de vrais super-pouvoirs - Deadpool plonge d'emblée son public dans un océan de cinglerie et de violence difficile à concevoir. Le personnage lui-même ne fait jamais dans la dentelle : son langage est d'une grossièreté inouïe, son comportement n'est jamais modéré, mais dans le même temps il n'est jamais ambigu. Deadpool est fou et, comme le film précédent le démontrait, c'est un doux dingue sur qui un pouvoir de régénération des membres et des organes est tombé alors qu'il n'y était pas prêt ; c'est aussi un gars pas tout à fait ordinaire puisqu'il cherche, à son niveau et à sa façon, à réparer le monde. En ce sens, Deadpool s'apparenterait presque à une antithèse de Joker plutôt qu'à un véritable anti-héros : son objectif, cette fois-ci, c'est de sauver un gosse malheureux avant qu'il ne sombre dans le mal... puis enfin de tirer sa révérence. Chacun des autres personnages, lesquels sont plus ordinaires et surtout moins originaux, agit à un moment ou à un autre comme un faire-valoir pour la folie du personnage éponyme ; et pourtant, chacun dispose de sa propre personnalité, chacun dispose aussi de son propre logiciel et donc de son propre grain de folie. De toute évidence, le film est conçu pour que Deadpool constitue en quelque sorte une Deadteam : in fine, il y aura autour de lui en tant que principaux alliés - comme le suggère l'affiche - Domino et son étonnant pouvoir probabiliste, ainsi que Cable, super-soldat venu du futur pour accomplir sa vengeance.

Au-delà du caractère jubilatoire de ce film, qui donne bel et bien l'impression de lire une BD dans tous ses excès graphiques, l'intérêt de Deadpool 2 c'est encore ses procédés narratifs très inhabituels. Deadpool est tout à fait conscient d'être le personnage d'un film et son regard cherche très souvent le spectateur, de l'autre côté de l'écran ; il s'adresse aussi souvent à son public, décrivant les étapes de sa propre épopée. Si les autres personnages prennent peut-être ce comportement pour des manifestations de folie ou d'excentricité, Deadpool sait qu'il n'est qu'un personnage de fiction, et il admet cette réalité avec une certaine philosophie rigolarde : entre deux vannes, il trouve même le temps de mentionner son intérêt pour l'instauration d'une véritable franchise à son nom... Deadpool 2 confirme donc l'intention de son prédécesseur : il s'agit de parodier un genre avec assez de finesse pour que la parodie puisse être lue à deux niveaux.

Et pour que, peut-être, Deadpool puisse un de ces jours venir prêter main-forte aux Avengers... qui sait ?

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