Sur la Lune


Un an plus tard, voici mon retour de chronique depuis Bifrost pour la nouvelle Sur la Lune de Constantin Tsiolkovski...

Résumé : 
Quand le narrateur s'éveille, c'est pour éprouver une sensation de légèreté tout à fait inédite... Une sensation qui s'accompagne qui mieux est d'une force nouvelle dans les membres ! A ses côtés, son ami physicien n'est pas long à lui démontrer que sa force n'a pas augmenté, mais que la pesanteur a au contraire diminué puisqu'une masse de six kilogrammes développe désormais le poids d'un seul... ce qui n'a rien d'anormal puisque les deux compères sont désormais sur la Lune ! Oseront-ils explorer ce monde inconnu rempli de dangers inattendus ?
Bien que sous-titré « Un récit fantastique », Sur la Lune de Tsiolkovski peut être considéré comme l’un des textes fondateurs de la hard-science. Deux personnages, égarés sur le satellite de la Terre, y font l’expérience d’une pesanteur six fois inférieure à celle de notre monde : les masses y connaissent donc un poids six fois moindre et, selon le principe fondamental de la dynamique, il est par conséquent six fois plus facile aussi pour l’être humain de les mettre en mouvement : ainsi le narrateur et le physicien peuvent-ils à moindre coût se changer en hercules de foire ! Tsiolkovski ne se contente pas de montrer les conséquences étonnantes qu’implique la gravité inférieure de la Lune par rapport à celle de la Terre – qui préfigurent le saut géant du capitaine Haddock dans On a marché sur la Lune de Hergé… et prophétisent ceux des astronautes d’Apollo 11 ! – car en bon fondateur de la hard-science, il prend soin d’explorer d’autres dimensions du voyage lunaire. Sur la Lune, l’éclairage direct par le Soleil réchauffe la surface au point de la rendre brûlante – alors que la nuit est au contraire glaciale : on rappellera ici que si la Terre et la Lune sont à la même distance du Soleil, la température de la première est plus élevée grâce au léger effet de serre naturel de notre atmosphère.

La leçon de physique, de thermodynamique, de planétologie et même de biomécanique dans Sur la Lune a beau se révéler par moments naïve, elle ne manque pas d’intérêt car Tsiolkovski cherche à tirer avec rigueur toutes les implications scientifiques de son hypothèse de fiction. Le texte prend ainsi la forme d’un quasi-dialogue entre le narrateur et son ami physicien, le premier jouant le rôle d’auditeur naïf et le second réalisant le gros du travail d’investigation scientifique, et où se multiplient les événements astronomiques et planétologiques : à quoi ressemble une éclipse de Lune vue… depuis la Lune ? Comment échapper à la cuisson instantanée dans l’environnement lunaire ? Si l’album des Aventures de Tintin déjà cité plus haut ainsi que les enregistrements historiques des premiers pas de l’être humain sur la Lune ont popularisé les caractéristiques planétologiques les plus remarquables de notre satellite, il n’est jamais mauvais de disposer d’un récit de fiction explorant la Lune avec pareille ténacité : on pardonnera donc volontiers à Tsiolkovski d’avoir justifié les quelques fragilités de son texte par le recours facile au rêve lucide...

Commentaires

Patrice a dit…
Pour info: la traduction qu'on trouve un peu partout sur le net est une reprise de la traduction anonyme éditée vers 1960 les Éditions en Langues étrangères soviétiques. Or elle est incomplète: un certain nombre de phrases ont été coupées.
Viktoriya et moi l'avons révisée et réditée, d'abord en numérique chez Lingva:
http://www.lingva.fr/?p=197
Mais aussi en l'intégrant dans l'anthologie "Dimension Russie Impériale" chez Rivière Blanche:
https://www.riviereblanche.com/fusee-f89-dimension-russie-imperiale.html
Anudar a dit…
Merci Patrice pour cette précision toujours utile en contexte !