Doom patch - James Sallis

Cette nouvelle de James Sallis - que je ne crois pas avoir déjà lu quelque part - dont le titre pourrait se traduire par Le patch maléfique est parue dans le numéro de Septembre/Octobre 2022 de la revue Analog.

Résumé : 

Tout artiste, un jour ou l'autre, est confronté à l'insatisfaction face à ses œuvres. Et si une drogue permettait de débloquer la capacité à recommencer "comme avant", serait-il sage d'en prendre ?

Le thème de l'artiste drogué tient du lieu commun : de l'absinthe au LSD, les substances psychotropes seraient pour certains censées faciliter l'oeuvre de création. Des Fleurs du Mal à Rêves de Gloire, les récits où l'art admet ses racines chimiques ne manquent pas : elles fascinent souvent, et inquiètent à la fois.

Le présent texte court prend pour argument l'existence d'une substance peut-être pas illégale qui permettrait, selon ses vendeurs, de faciliter l'imaginaire créatif. L'artiste en question ici peint des tableaux qu'il trouve de plus en plus dépourvus d'âme : il s'agit pour lui d'en revenir à un "avant" où créer allait de soi. Son épouse lui suggère des solutions qui lui semblent être autant de lieux communs - se nourrir du monde extérieur, de ses relations sociales voire même de sport : le "patch maléfique" éponyme lui apparaît donc bel et bien comme une autre possibilité plus séduisante.

Le pari est-il réussi ? La création entreprise à la fin du texte s'éloigne-t-elle tout à fait des eaux où il est encalminé depuis trop longtemps ? Le lecteur ne saurait en juger, surtout dans la mesure où le propos de l'auteur semble être plutôt de valoriser le lâcher-prise comme voie de création artistique. L'argument science-fictif, que le lecteur pourra percevoir dès le départ comme faible, n'est au fond guère exploité dans ce récit à l'intérêt discutable : s'il faut comprendre que l'auteur de ce texte est passé par les mêmes affres que son personnage, on espère que Doom patch lui aura permis au moins de faire un pas décisif en direction de succès plus flagrants...