La mythologie viking - Neil Gaiman

Il a déjà été question ici de Neil Gaiman, et même depuis peu au sujet de l'adaptation en série télévisée de son Sandman. Le présent livre est la version poche d'un ouvrage déjà paru en 2017, il m'a été offert par son éditeur, et je l'ai lu au titre de lecture intercalaire. Il s'agira aussi de l'un de ces livres pour lesquels je ne produirai pas de résumé dans le cadre de ma chronique.

Neil Gaiman révèle dans l'introduction de ce livre être arrivé à la mythologie viking par l'intermédiaire... du Marvelverse et de l'interprétation que ses auteurs ont fait de Thor, le dieu du tonnerre. Sans surprise, une bonne partie de ce livre va faire la part belle aux péripéties qui affectent la version originale de ce même Thor, et en particulier sa relation compliquée à Loki - lequel est souvent associé aux Ases et a donc Asgard comme résidence mais n'appartient pas tout à fait à leur clan divin. Sous la plume de Gaiman, Thor est un bon vivant - amateur de bonne chère et de bonne bière - qui ne recule jamais devant une bonne bagarre... mais qui se montre aussi parfois un peu benêt. Quand elle est positive, son association à Loki lui apporte la finesse et la ruse qui lui manquent parfois - et quand elle ne l'est pas, elle est l'occasion de colères et de menaces tout aussi truculentes que le personnage lui-même.

La mythologie viking pensait le temps et le monde comme cycliques : à leur origine, ancrée dans l'union des contraires et le premier meurtre (celui du géant Ymir), va répondre le Ragnarök - et toutes les histoires qui intéressent les dieux des vikings vont se dérouler entre ces deux événements. Qu'y a-t-il eu avant et qu'y aura-t-il ensuite ? Comme les vikings, l'auteur du livre donne quelques éléments de réponse et en particulier pour la prochaine itération du cycle, que des versions sans doute assez tardives du mythe apparentaient à une partie d'échecs. Si la mortalité n'est pas toujours définitive pour les Ases ou leurs cousins Vanes, il n'en reste pas moins qu'ils sont soumis dans une certaine mesure aux contraintes naturelles des formes qu'ils endossent : il est possible de les blesser voire des les mutiler, de les contraindre au vieillissement... ou même de les enfermer dans des pactes inégaux et déplaisants pour eux. A ce titre, les dieux vikings semblent bien proches de leurs lointains cousins du panthéon gréco-romain : faillibles car dominés par leurs instincts et leurs désirs... et de toute façon soumis à terme à une force implacable, celle du destin.

La tradition mythologique viking est si connue qu'elle finit par l'être mal : Neil Gaiman restitue ici à ses figures leur dimension au fond très humaine...

Ne manquez pas non plus l'avis de : Gromovar, ...

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