Shōnen Avengers - ZeMial

Comme bon nombre d'enfants nés au tournant des années 70 et 80, j'ai été exposé aux univers de l'animation japonaise et en particulier aux nombreux dessins animés impliquant des vaisseaux spatiaux et des extraterrestres. Le space-opera était alors très apprécié dans les cours de récréation, et ses jeunes amateurs imaginaient volontiers que l'ultime frontière - celle de l'espace où vivaient leurs héros d'image et de son - formait un véritable multiverse où qui sait, Albator aurait pu un de ces jours venir donner un coup de main à Ulysse. L'un de ces jeunes amateurs de space-opera, devenu adulte, a fait mieux que d'imaginer pareilles situations : il les a mises en images, produisant ainsi Shōnen Avengers.

L'exercice du crossover, s'il est très plaisant pour le fan qui n'attend au fond que de dégainer son popcorn, reste périlleux. Le fan a faim... mais les créateurs, y compris lorsqu'ils sont fans eux-mêmes, savent que l'on ne peut pas faire n'importe quoi et que des lois existent qui protègent leurs héros immatériels. Par ailleurs, le fan est exigeant : comment faire pour que chaque héros soit intégré à l'histoire au même niveau que les autres, mais en respectant sa singularité ? Une initiative telle que cet album de BD aurait donc été condamnée dès sa conception si son auteur n'avait pas pris la précaution... d'en faire une parodie puisque celle-ci est autorisée, au contraire du plagiat, et que l'humour facilite la prise de bien des sauces. C'est en effet dans ce cadre que l'auteur de cette BD a choisi de se placer.

Il sera difficile de produire un résumé de Shōnen Avengers : exercice parodique oblige, les différents héros qui se rencontrent ici le font dans le cadre de gags en une seule page pour la majeure partie de l'album. Des ressorts comiques, on ne parlera pas trop : ils sont potaches dans la plupart des cas, jouant souvent sur les bizarreries des personnages ou les gimmicks de leurs histoires, quand ce n'est pas sur des citations parfois bienvenues à des question non abordées à l'époque en pop culture... ou sur des clins d’œil à notre monde contemporain, qui est aussi celui des héros de cette histoire puisqu'ils sont par définition immortels. Ce sont au fond les méchants - eux aussi fédérés - qui constituent presque le clou du spectacle, puisqu'ils se révèlent incompétents à l'instar de ce qu'ils sont le plus souvent dans les dessins animés... mais sont conscients de leur propre ineptitude sans jamais parvenir à s'en extraire. Il n'en reste pas moins que l'humour à l'oeuvre dans Shōnen Avengers se montre assez inégal, ici poussif et ailleurs presque lumineux, et que si l'on sourit assez souvent devant cette BD on n'atteint jamais de moment où l'on rit aux éclats. A la fin de l'album, une histoire plus longue vient conclure la saga en quelques pages dans la plus belle tradition de l'affrontement majeur qui concluait une saison ou un cycle : occasion de suggérer que, peut-être, l'histoire pourrait ne pas être finie...

Parodier les univers de space-opera de notre enfance, il fallait oser le faire. On reconnaîtra ce mérite à ZeMial, avec d'autant plus de bonne volonté qu'il y est parvenu en suscitant la nostalgie de rigueur.

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