Shoot your Shot - Rich Larson

Ce texte signé Rich Larson, et dont le titre pourrait se traduire par Tente ta chance, a été publié dans le numéro de Septembre/Octobre 2022 de la revue Analog.
Résumé : 
Il en faut peu à Jan pour prendre confiance en lui : un rail de coke et le voilà prêt à parler à n'importe qui... Son voisin de lavabo est sa première victime, dans les toilettes de la boîte de nuit où il fait la fête, et Blake - la très belle femme que son nouvel ami avait dans son viseur - sera la deuxième.  La soirée devrait bien se terminer pour eux deux... à moins que...
Il sera difficile de parler de cette nouvelle sans dévoiler des éléments-clé de son schéma. Néanmoins, il faut comprendre dès le départ que Shoot your Shot va moissonner les champs fertiles de l'horreur, lesquels ont été ici ensemencés de façon inédite par un Rich Larson inquiétant de maîtrise.

Chaque être vivant sur Terre doit résoudre une équation assez simple : croissance et reproduction égalent nutrition. Or parfois, la ressource nutritive est rare ou peu accessible : la force brute peut être une façon de l'acquérir... tout comme peuvent l'être la ruse et le déguisement, au sens évolutif des termes. C'est ainsi qu'un certain nombre d'animaux mais aussi de végétaux disposent d'adaptations particulières, favorisant la capture d'autres êtres vivants, par exemple quand ceux-ci sont à la recherche d'un partenaire de reproduction. Et c'est de toute évidence l'argument retenu ici par l'auteur : s'il semble à première vue que l'être humain ne soit pas la victime de pareilles stratégies alimentaires, on peut se dire en frissonnant que - qui sait - la théorie de l'uncanny valley pourrait recouvrir quelque atroce cauchemar de ce type venu du passé reculé de notre espèce.

La nature précise de la créature affamée qui rôde au sein de cette nouvelle ne sera pas dévoilée par l'auteur. Est-elle extraterrestre ? S'agit-il plutôt de quelque prédateur inconnu mais issu de l'évolution sure Terre ? Ou bien d'un esprit de la ruche ou d'une autre forme d'entité d'ordre supérieur ? Peu importe, au fond : cette créature a faim, et elle doit s'alimenter, ce qu'elle fait non sans un certain plaisir obscène - à la hauteur des sentiments chimiques d'attraction qu'elle est capable de susciter chez ses proies. L'horreur est efficace lorsqu'elle éveille des peurs ataviques tout en échappant au besoin de compréhension qui est le nôtre : Rich Larson montre ici, dans un temps fictionnel des plus courts, à quel point il en est conscient...

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