Les blogueurs parlent aux blogueurs : Gromovar

Au début des années 2010, l'excellent Gromovar avait pris une initiative chaleureuse et passionnante : il s'agissait d'interviewer les blogueurs de ce qui était déjà le Planète-SF, réalisant ainsi une oeuvre de connaissance de la blogoSFFFère.

En ce début des années 2020, cette communauté a changé : des anciens sont partis, d'autres sont toujours là, et des nouveaux sont arrivés. Le moment, d'après moi, est revenu de faire le point et de nous interroger en tant que blogoSFFFère sur nos aspirations et nos liens communs. Avec la permission de Gromovar, inventeur du concept, je reprends par conséquent la rubrique Les blogueurs parlent aux blogueurs !

Et aujourd'hui, c'est au tour de Gromovar de nous parler de lui...


    1. Bonjour, peux-tu te présenter en deux mots (tu peux être aussi bref que tu veux…jusqu’au néant)

Bonjour à toi. Mâle blanc cishet cinquantenaire, je coche toutes les cases du bingo. Heureusement je suis prof, donc dominé économiquement et symboliquement, et marseillais donc dominé nationalement, ça rattrape un peu. Il y a une madame Gromovar et deux satellites : MiniGromo et µGromo, tous les deux plus grands que moi.

    2. Pourquoi avoir créé un blog ? Est-ce le premier ? Le seul ?

J’ai eu un petit blog clic-clic.blogspot.com avec trois copains sur lequel nous mettions toutes les imbécillités que nous trouvions sur le web, ce qui nous faisait rire, nous étonnait, etc. Ça n’était presque qu’à usage interne. Puis nous nous sommes lassés. L’équivalent en contenu aujourd’hui serait le Tumblr awdc.tumblr.com que j'entretenais avec deux potes.

Pour Quoi de Neuf, l’idée est venu un jour parce que, à chaque dîner avec des copains, on me demandait de conseiller un livre à lire (le dernière fois c'était il y a une semaine au Pot du Bélial' et c'était plus d'un).

Un jour, en parlant, j’ai eu l’idée de stocker sur un blog les livres importants que j’ai lus pour que mes copains puissent s’y référer à tout moment. Par importants j’entendais ceux qu’il aurait été dommage de ne pas lire. Cette idée ayant reçu un accueil enthousiaste, j’ai commencé en ne mettant que des choses que je considérais comme excellentes et que je conseillerais les yeux fermés. Puis, progressivement, j’y ai pris goût, j’ai blogué de plus en plus de choses et gagné un lectorat plus étendu. C'est là que j'ai commencé à chroniquer plus long car je ne m'adressais plus seulement à des gens qui avaient a priori confiance en moi.

    3. Combien de temps y consacres-tu ?

Le temps important est celui de la lecture (je lis en entier ce que je chronique, contrairement à quantité de critiques presse), surtout que j'ai un goût pour les pavés. Ajoutons le temps de recherche de bons livres à lire, qui est devenu plus longue car l'océan se tarit un peu.

Écrire une chronique ensuite demande entre deux et trois heures suivant le temps que je consacre à d'éventuelles recherches, je chronique sans note et sans plan, de mémoire et au feeling ; je ne veux surtout pas écrire une fiche de lecture universitaire, j'en ai eu ma dose. Comme je suis flemmard (et pas représentant de commerce), je ne mets pas dans les chros de fiche signalétique du livre, ce qui me fait gagner un peu de temps.

Enfin, un peu de RP sur les réseaux même si ce n'est vraiment pas ma came.

    4. Blogues-tu tout ce que tu lis ?

Si la question porte sur l'Imaginaire, presque tout, même les mauvais livres, sauf s'ils m'ont tellement déplu que je ne veux pas sacrifier encore deux heures pour écrire une chro.

Je lis aussi d'autres livres (policiers, essais, historiques), que je chroniquais avant et maintenant de moins en moins. J'ai ou j'investis moins de temps. Et puis, même si ça me donne un parfum d'éclectisme, ce n'est pas pour ça que les lecteurs viennent sur Quoi de Neuf.

Pour les BD j’en suis resté à la conception d’origine : je n’en parle que si j’ai vraiment aimé.

    5. As-tu déjà lu certains livres simplement parce que tu te disais que ça pourrait faire un article intéressant pour ton blog ?

Il m'est déjà arrivé de lire non pas spécifiquement pour chroniquer mais pour savoir ce qu'était la chose dont beaucoup de gens parlaient.

    6. Lis-tu en VO ? Si oui, en quelles langues ?

En anglais (y compris des non anglo traduits en anglais). Beaucoup. Sans doute plus qu'en français sur une année.

Mais, même en anglais, la source de bons textes se tarit. J'espère qu'on est en train de réaliser qu'écrire des textes inclusifs ou divers n'est pas un projet littéraire en soi, et que sans littérature, sans projet esthétique, ne restent que des tracts. Aujourd'hui, 90% des pitchs me gonflent. Le rare souffle que je sens vient souvent de nouveaux pays, hors Occident.

    7. Blogues-tu avec ou sans roleplay ? Si c’est le cas, que représente ce roleplay pour toi ?

Si je comprends bien ce que tu veux dire par là, globalement non. J'essaie d'écrire des chros honnêtes ce qui veut dire que si je trouve un livre mauvais je le dis et sans métaphore ou périphrases.

Il y a, certes, un personnage Gromovar que je construis, mais il est mon real-self poussé à l'extrême. J'aime l'effort volontaire, je n'aime ni la médiocrité, ni la facilité. J'aime qu'on progresse. Je préfère qu'on ne fasse rien plutôt que de faire à moitié ; « Fais le ou ne le fais pas. Il n'y a pas d'essai. » Yoda.

J'aime ce qui est borderline, ce qui me heurte.

Je ne crains pas le jugement, ni d'en émettre ni d'en recevoir des autres. Un monde sans jugement a un électroencéphalogramme plat.

Je préfère être brutal qu'imprécis.

Je ne cherche pas à être populaire.

En stoïcien, je n'aime pas les lamentos (alors tu imagines comme le bruit de fond du monde m'agrée). « Sustine et abstine ». Donc quand je souffre, en général, je ricane.

Pour finir, sur effort et facilité, il y a un passage de Castoriadis que j'aime beaucoup :
« La liberté, c’est très difficile. Parce qu’il est très facile de se laisser aller. L’homme est un animal paresseux. Il y a une phrase merveilleuse de Thucydide : « Il faut choisir : se reposer ou être libre. » Et Périclès dit aux Athéniens : « Si vous voulez être libres, il faut travailler. » Vous ne pouvez pas vous reposer. Vous ne pouvez pas vous asseoir devant la télé. Vous n’êtes pas libres quand vous êtes devant la télé. Vous croyez être libres en zappant comme un imbécile, vous n’êtes pas libres, c’est une fausse liberté. La liberté, c’est l’activité. »

Voilà, si tout le monde n'a pas fui on peut passer à la suite du questionnaire.

    8. Depuis combien de temps lis-tu de la SFFF ?

D’abord, je vais te raconter une histoire vraie, même si elle paraît difficile à croire. Quand j’étais un petit enfant, ma mère nous faisait manger ma sœur et moi en nous racontant Dracula et Frankenstein (j’ai identifié plus tard les films de la Hammer avec Christopher Lee), et elle nous faisait du jus d’orange sanguine en disant que c’était le sang de Dracula. Si on questionne l’inné et l’acquis, il y a sûrement beaucoup d’acquis.

Quand je lisais Picsou, mes histoires préférées étaient celles de Fantomiald. J’adorais Scoubidou, dans les Fous du Volant ma voiture favorite était le manoir gothique, la Dingo Limousine. J’en ai déjà parlé sur le blog, j’ai commencé à lire Strange à huit ans. À peu près à la même époque, ma sœur m’avait offert pour ma fête L’ile surgie de la mer de Philippe Ebly. Et le premier livre que je suis allé acheter seul, avec mes sousous dans ma popoche, à la librairie du quartier c’était Les mille et une nuits. Ce que j’en connaissais c’était les dessins animés avec des génies, des lampes magiques, etc. Alors, j’arrive avec mon argent, je demande Les Mille et une nuits, la vendeuse me donne le premier tome de la traduction de Galland et je le lui rends en disant « Non, je veux les vrais Mille et une nuits ». Ma honte a été terrible après ses explications.

Depuis j'ai lu la Galland en entier et la Khawam en entier aussi.

    9. A quel rythme lis-tu ?

Tous les jours. Et c’est mon activité de loisir principale. Après, la durée quotidienne est très variable. Ça dépend beaucoup de mon entourage familial et amical (et des corrections).

    10. Que trouves-tu dans nos littératures de genre ?

Je pourrais faire le malin et dire une réflexion sur le monde, les technologies, etc. C’est vrai aujourd’hui lorsque je lis des dystopies, des uchronies, ou de la SF spéculative. Mais ce n’est pas pour ça que j’ai commencé enfant.

Au début ce qui m’attirait c’était le merveilleux, l’extraordinaire. Le monde réel m’emmerde profondément. Ce que je cherche est la différence, la bizarrerie, l'étrangeté, le non-moi et le non-mainstream. C'est toujours le cas. Bug de Friedkin est un film que j'aime beaucoup car il est un cheminement sans limite sur la route de la folie.

Je ne lis pas un livre ni ne vois pas un film pour assister à la vie de ma voisine. Ça ne m’intéresse pas. Mais la vie de ma voisine, sublimée par le fait qu’elle est aussi une mante religieuse géante, et que ça lui pose des problèmes dans la vie, voilà qui m’intéresse. Je me souviens d’une table ronde avec Bordage aux Utopiales où il disait que lorsqu’il essayait d’écrire sans fantastique, rapidement les éléments fantastiques apparaissaient dans son histoire parce que sinon c’était moins intéressant. C’est pareil quand je suis spectateur ou lecteur. Je réalise en écrivant ça que c’est pour les mêmes raisons que j’ai adhéré tout de suite aux jeux de rôles, et que les seuls films réalistes que j’aime sont très borderline.

Ceci dit, l'important dans un livre reste la littérature (utiliser 26 lettres pour créer un objet esthétique). Evidemment que la SFFF, comme toute littérature, est politique par les choix qu'elle fait de dire ceci ou de taire cela. Mais le message doit être complexe, léger comme de la dentelle, et surtout c'est au lecteur de conclure (comme chez Octavia Butler) et pas à l'auteur de lui surligner ce qu'il doit penser, sinon ce que l'auteur écrit n'est rien d'autre qu'un catéchisme, un credo à ânonner comme un automate. Quand on lit Le portrait de Dorian Gray, le monde décrit (très stratifié) peut faire l'objet d'une interprétation politique mais ce n'est pas le point de Wilde. J'aime les gens qui ont des points littéraires ou esthétiques plutôt que politiques.

    11. Partages-tu cette passion avec ton entourage ?

Malheureusement non. Il n'y a que peu de gens avec qui je puisse discuter longtemps de SFFF (mais madame Gromovar vient de lire tout Blackwater). Du coup, les rencontres de blogueurs sont des moments magiques.

    12. Quelle a été ta première lecture SFFF ? Te souviens-tu de l’occasion qui t’a amené à cette lecture ?

Disons L’île surgie de la mer de Philippe Ebly. Cadeau de ma sœur, qu’elle en soit remerciée. Je conseille d’ailleurs vivement à tous les adolescents la série des Conquérants de l’Impossible.

    13. Peux-tu nous décrire un (ou plus) grand souvenir de SFFF ?

Y'en a plein. Le Seigneur des Anneaux, que j’ai lu en une semaine en taillant les cours pour ça. Neuromancien, acheté presque par hasard et qui m’a scotché. Le sang vert de Maurice Limat, et sa superbe couverture originale, qui est le premier FN que j’ai emprunté à la bibliothèque. Hypérion, acheté sur les conseils d’un ami que je ne remercierai jamais assez. Le Trône de fer, quand j’ai réalisé que ce n’était ni l’histoire de Ned Stark, ni même l’histoire des Stark et que c’était encore plus vaste que ça. 1984, évidemment : "If you want a picture of the future, imagine a boot stamping on a human face, forever".

Et surtout, surtout, surtout, mon interview de Silverberg aux Utopiales, arrangée par Pascal Godbillon, qu'il en soit remercié pour l'éternité.

    14. Quel est le livre qui t’a le plus marqué récemment ? (Répondre sans réfléchir)

Les Flibustiers de la mer chimique de Marguerite Imbert. Je l'ai commencé pour voir et j'ai été happé par un roman hilarant, excitant, terriblement maîtrisé. Nous tenons là une grande autrice en devenir, du genre qui est sa propre référence.

    15. Vers quelle étiquette SF, F, ou F, va ta préférence ? Et pourquoi ?

SF absolument. Formation scientifique, sense of wonder, ennui de plus en plus grand face à la fantasy sauf pour les grands stylistes comme Jaworski ou Dewdney. J'aime bien le fantastique même si j'en lis moins (mais des gens comme John Langan ou Brian Evenson, entre autres, comptent).

Et je n'en peux plus de la « littérature » ouvertement et sciemment militante.

    16. Comment ont évolué tes goûts entre tes débuts en SFFF et aujourd’hui ?

Je suis beaucoup plus exigeant (i.e. connard élitiste). J’attends un vrai fond et une vraie forme. Je ne pourrais pas relire mes nombreux FN par exemple (pourtant ils m’ont bercé des années). Je crois que c’est comme dans tout, il y a un effet d’accoutumance à la longue, que tu combats avec une plus forte dose ou un produit plus raffiné.

    17. Quels sont tes auteurs préférés ? Pourquoi ?

Ce genre de récapitulation est forcément injuste et en fonction du moment.

Lovecraft dont j'ai tout lu et ne cesse de m'éblouir quand j'en relis.

Des gens dont je lis presque tout. Tolkien pour ce qu’il a créé. Martin pour Le Trône de Fer, mais pas seulement ; ses autres textes sont aussi très bons. Orwell, notre maître à tous. Egan (avant) parce qu’il va plus loin que quiconque (avant). Silverberg – que j'adore – parce que je suis fan de son attitude de branlo californien (tout le monde devrait avoir lu Le dibbouk de Mazel-Tov IV pour comprendre ce qu’est Silverberg). Simmons pour ses grands romans. Brunner pour la Trilogie noire.

Je ne suis jamais déçu par l’inventivité de Jaworski, même si les pratiques éditoriales aux Moutons ont fini par me lasser au point de lâcher l'affaire.

Spécial profs : tous devraient avoir lu Les Bras de Morphée de Yann Bécu.

Et aujourd'hui, impossible de passer à côté de Ada Palmer qui a créé l’œuvre la plus impressionnante de la décennie, et de loin. Ne pas lire Ada Palmer devrait être criminalisé.

    18. Y a-t-il des livres que tu regrettes d’avoir lu (temps perdu) ? D’autres que tu aurais regretté de ne pas voir lus ?

Je regrette d’avoir perdu mon temps, qui est compté, quand je lis un livre décevant. Il y en a trop pour que je trie. Ce n’est pas parce que les éditeurs publient dix fois plus qu’il y a dix fois plus de bons livres. Au contraire, ils deviennent plus difficiles à trouver dans la masse. Les livres tagués « Bluffant » sur mon blog, je regretterais de ne pas les avoir lus.

    19. Y a-t-il des auteurs dont tu lis tout (ou voudrais pouvoir tout lire) ?

A part pour Lovecraft, je suis peu complétiste. Et je me lasse vite (mais pas de Palmer).

    20. Vas-tu voir les auteurs sur les salons ? Ramènes-tu des interviews, des photos, des dédicaces ?

Oui. Oui (quand les attachés de presse me facilitent un peu la vie). Oui. Presque plus car je ne lis presque plus qu'en numérique.

    21. Que penses-tu de l’œuvre de Bernard Werber ? Et de celle de Maxime Chattam ?

J'ai beaucoup aimé Les Fourmis quand il est sorti. Je n'ai pas lu le reste mais ça n'a pas l'air fameux. Pour Chattam je ne l'ai jamais lu donc je n'ai pas d'avis, mais j'ai une anecdote : j'ai fait deux heures de queue un jour au défunt Virgin Mégastore pour faire dédicacer son dernier titre en date avec un message d'anniversaire pour Madame Gromo (offert quand son anniversaire est arrivé).

On dit qu'on ne juge pas un livre à sa couverture (+ auteur, 4è, etc.) mais le plus souvent les livres sont ce qu'ils ont l'air d'être ; comme les gens. Voilà pourquoi il y a quantité de livres que je n'essaie même pas (et malgré ce, je suis toujours frustré car ne lisant pas tout ce que je voudrais lire).

    22. Tes fournisseurs : librairies, bouquinistes, Internet ?

Mon libraire de quartier par militantisme, et Internet pour les livres anglo.

    23. BD, comics, mangas, ou non ?

Oui, de plus en plus de one-shot. Oui (et ça depuis 1976 et le Strange n° 77). Non, je n'aime pas le dessin, je trouve horribles les yeux exorbités des personnages de mangas ;) Mon côté boomer j'imagine.

    24. Lis-tu aussi de la littérature « blanche » ? Si oui, qui aimes-tu particulièrement parmi les auteurs étiquetés « blanche » ?

Oui mais peu. Je suis le plus souvent déçu. J'aime beaucoup Jean Teulé et Houellebecq, Philip Roth en anglo. La littérature psychologique française est ma Némésis.

    25. Tentative de Weltanschauung : qu’aimes-tu comme musique ? Comme cinéma ? Quel est ton loisir favori ? Plutôt matérialiste ou idéaliste ?

J’ai commencé par AC/DC, puis le métal, et les différents sous styles. J’aime le punk pour l’énergie, mais c’est le gothique qui correspond le mieux à mon état d’esprit. J’écoute aussi des voix de femme en jazz (et du hard bop). J’aime bien le trip-hop. Et Wagner et Chopin (surtout joué par Rubinstein). Et Maria Calas. Et l'opéra chinois (que je suis le seul ici à supporter plus de cinq minutes).

En cinéma, SFFF ou films dérangeants (Blue Velvet par exemple, j'adore David Lynch, mais aussi le moins connu Bug de Friedkin ou le Hunger de McQueen). Les films français psy me gonflent et les comédies me navrent.

Loisir, ben, la lecture. J’ai pratiqué longtemps et beaucoup les JDR et les MMO, et je me suis remis il y a quelques mois aux JDR.

Matérialiste/idéaliste, diable ! Matérialiste au sens de vénal, non. Je trouve même que parler d'argent est obscène. Matérialiste philosophique sans doute. Athée convaincu en tout cas, même si je regrette le lien métaphysique qu'offrent les religions et que rien ne remplace dans les sociétés sécularisées. Idéaliste, qu'est ce à dire ? Si je te comprends alors disons que, pour reprendre la classification de Max Weber, je pense que l'éthique de responsabilité devrait toujours l'emporter sur l'éthique de conviction. L'éthique de conviction c'est ce qui, in fine, donne Auschwitz et le Goulag, ou plus prosaïquement des décisions désastreuses du point de vue des résultats.

    26. As-tu une liseuse ? Quel est ton rapport à la lecture numérique ?

Kindle depuis, pff. Je lis de plus en plus en numérique pour des raisons de saturation de l'espace physique disponible. J'ai à peu près un millier de textes numériques, ça ferait un millier de livres papier en plus et le plancher s'effondrerait.

De plus, moi qui n'ai pas la mémoire des noms, je trouve très pratique les fonctions de recherche des liseuses.

    27. Quel est ton rapport à Internet ? Connecté depuis longtemps ? Quel est ton rapport aux réseaux sociaux ?

Premier salaire, septembre 95. 28800 bps à l’époque pour la modique somme de 15 € par mois hors coûts téléphoniques. Depuis j’y suis tous les jours à traîner en m'émerveillant de l'infinie absurdité du monde.

Les RS j'y suis mais je participe très peu aux discussions. Je n'aime discuter qu'en face à face, de préférence autour d'un verre.

    28. As-tu des projets d’écriture de fiction, ou est-ce que tu en as eu par le passé ?

Quand j'avais 16 ou 17 ans. J'ai guéri. Écrire signifie moins lire et ça n'est pas possible.

    29. Sans y répondre, quelle question aurais-tu aimé que je te pose ?

Pourquoi avoir créé le Prix Planète-SF ?

    30. Une dernière chose à dire au lectorat en délire ?

LISEZ ADA PALMER !

Commentaires

Le Maki a dit…
Mais il est passionnant ce garçon, il devrait écrire... ;-)
Anudar a dit…
Il le dit lui-même : il a guéri !
gsuzanne a dit…
Très intéressant et éclairant.
Le syndrome E, c'est de Thilliez. Chattam, c'est... autre chose !
Anudar a dit…
Je laisserai Gromovar commenter lui-même la deuxième partie s'il le désire ;)

Pour la première, c'est vraiment mon objectif : on sait que derrière les blogs se trouvent des gens, et c'est intéressant de mieux les connaître à mon avis...
Roffi a dit…

Je suis le blog ”Quoi de neuf sur ma pile” avec de belles découvertes de BD,entre autres .Je note Ada Palmer,un peu comme un défi à moi-même.
Merci à lui et à vous aussi.

shaya a dit…
Merci, c'est une super idée même si je vais donc être criminalisée pour non lecture d'Ada Palmer :D
Anudar a dit…
Bienvenue à tous deux ! Et de rien, tant qu'on y est...

Gromovar recommande chaudement Ada Palmer. Tout le monde ne le fait pas, à commencer par moi. Mais ce n'est pas grave : mieux vaut se faire son propre avis !
chéradénine a dit…
ENFIN ! Ayant lu (et oublié) une flopée d'interviews de gromovar, je me réjouis qu'il y passe à son tour. Je retrouve le ton exigeant, cash mais juste que l'on perçoit de chroniques en chroniques, et la qualité (littéraire pourrait-on dire) de ses dernières.

Je ne connais rien de son activité liée à la SFF en France et je le regrette. J'espère qu'il nous parlera de la genèse du prix Planète-SF, s'il passe dans le coin.

Autre point, et faut que j'évite d'entrer dans un tunnel de justifications: à présent que gromovar chronique des BD/comics (depuis un certain temps peut-être), j'espère qu'il dépassera ses réticences concernant le manga (entendre parler des "gros yeux"au XXIe siècle, c'est dur), parce que le manga et la SF, c'est une histoire très riche et si loin de se limiter à des œuvres phares assez populaires, qui pourtant justifient déjà l'investigation. Après, je conçois que gromovar a d'autres chats à mettre en boîtes et que l'excuse du "vieux con" est là pour mentionner un manque d'intérêt basé sur des a priori que l'on ne souhaite pas remettre en question.

Bref, merci pour l'interview !


Anudar a dit…
Gromovar avait été interviewé par quelqu'un d'autre lors de l'édition de la décennie précédente, mais je ne sais plus qui c'était (bien qu'il me l'ai redit peu avant cette interview). S'il passe en ces lieux verdoyants je suppose qu'il voudra bien donner un lien ;)

La genèse du Prix n'est un secret pour personne, mais en effet c'est à Grom' d'en parler lui-même puisque l'idée au départ est venue de lui.

Après, je suis moi-même surpris par les réticences de Grom' à l'égard du manga. Il est vrai que je ne suis pas forcément objectif - j'en lis moi-même - et pourtant je sais qu'il a pu lire des BD venues d'ailleurs telles que "Le Juge Bao" par exemple. Au fond, des mangas aux allures de romans graphiques il y en a tant et plus, et sans aller chercher des choses très fouillées je me dis qu'un "Übel Blatt" saurait sans doute lui plaire au titre de simple divertissement.
Gromovar a dit…
"Le syndrome E, c'est de Thilliez. Chattam, c'est... autre chose !"
Nouvelle honte après les mille et une nuits.

En fait, j'ai lu Thilliez et madame Gromovar Chattam.
Donc je n'ai pas d'avis Chattam.
Mais une anecdote : j'ai fait deux heures de queue un jour au défunt Virgin Mégastore pour faire dédicacer le dernier Chattam avec un message d'anniversaire pour Madame Gromo (offert quand son anniversaire est arrivé).
Possible de corriger en ce sens Anudar ?
Gromovar a dit…
Sur les gros yeux je suis de mauvaise foi, je le reconnais (même si les gros yeux sont quand même une marque distinctive et que je n'aime vraiment pas ;)

"Après, je conçois que gromovar a d'autres chats à mettre en boîtes et que l'excuse du "vieux con" est là pour mentionner un manque d'intérêt basé sur des a priori que l'on ne souhaite pas remettre en question."
Comme l'écrit chéradénine je ne peux pas tout lire, il faut choisir même avec des critères bidons ;)
Lu et apprécié les HPL par Tanabe, les Pline, L'histoire de Claudia, les Juge Bao et deux ou trois autres choses. Donc pas une étanchéité complète.
Anudar a dit…
C'est bien parce que c'est toi ! Va voir si ça te convient mieux ;)
Christian a dit…
Sympathique interview.
J’ai repéré sur le blog de Gromovar de belles chroniques sur Christian Chavassieux, ce qui nous permettra quelques achats livresques .
Merci pour cette interview Anudar.
Les blogueurs ne sont pas des robots, la preuve ahah.
Anudar a dit…
Merci pour cette appréciation ! J'espère que Grom' en prendra connaissance ;)