All the Turns of the Earth

Une nouvelle de voyage temporel est au menu du numéro de Janvier/Février 2020 de la revue Analog !
Résumé : 
Parfois, certains êtres humains sont enlevés vers des époques du passé : c'est ainsi qu'un trader peut finir chasseur de mammouth et une employée de food-truck en paysanne étrusque. Mais toi, tu es allé beaucoup plus loin - à l'époque où les dinosaures régnaient sur Terre. Et là, pour ta propre sécurité, tu as eu l'instinct de t'abriter sur une île. Ce que tu ne savais pas, c'est que cette île était utilisée par des ptérosaures comme une colonie temporaire pour leur ponte et l'élevage de leurs jeunes. Ce que tu ne savais pas non plus, c'est que cette île deviendrait l'endroit où tu nouerais une amitié à même de traverser les âges de la Terre comme ceux de ta vie...
Il est rare que des nouvelles au thème aussi trivial en apparence que celui-ci - un enfant échoué du futur domestique puis chevauche un ptérosaure -  se révèlent aussi puissantes que celle-ci. Tout marche dans ce texte assez court : sa construction efficace qui - en passant d'une époque à l'autre - met en lumière ce qui manque au passé comme au présent pour que la vie du protagoniste soit tout à fait complète ; son usage audacieux de la seconde personne du singulier qui met en lumière le fait que l'enfant de l'histoire peut être n'importe lequel d'entre nous ; sa conclusion poétique et nostalgique où il s'avère que la réconciliation entre l'enfance et l'âge adulte est indispensable à l'accomplissement de l'individu.

C'est en ce sens que All the Turns of the Earth relève à mon sens moins de la SF que du fantastique : le voyage est-il réel ou fantasmé ? Les deux vies du protagonistes forment-elles une continuité ou une juxtaposition ? Le fantastique s'infiltre ici, à la mode borgésienne, dans cet espace mal défini qui révèle que le message est indécidable par la seule intention de l'auteure... et qui nous montre que - peut-être - les amis imaginaires de l'enfance ont une existence plus tangible que l'adulte pourrait le croire... ou en garder le souvenir. Bravo !

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