Sillage tome 2

J'ai déjà parlé ici de Sillage. Aujourd'hui, j'en ai lu le deuxième tome...
Résumé :
Nävis a été "apprivoisée" par les gens de Sillage, cette flotte spatiale immense abritant des espèces intelligentes sans nombre. Elle est la seule humaine à bord, et d'autant plus une curiosité qu'aucun des télépathes ne parvient à savoir ce qu'elle pense... Son précepteur et son médecin essaient de lui faire comprendre qu'après s'être acquittée du coût de son hébergement dans Sillage en leur vendant l'épave du vaisseau où elle vivait auparavant, il va lui falloir trouver un travail si elle veut continuer à vivre dans des conditions aussi favorables. Nävis n'en a pas très envie, mais rester à bord de Sillage est sans doute pour elle un excellent moyen de trouver un jour d'autres êtres humains. C'est pourquoi, malgré son caractère acéré, elle accepte l'invitation du mystérieux Consul, un être d'une grande beauté possédant un véritable charisme. Pourtant, alors que le médecin qui s'occupe d'elle manque de se faire déposséder d'informations capitales par un commando de guerrières, il semble que Sillage ne soit pas aussi sûr pour elle qu'il y paraissait au départ...
Je disais dans ma chronique du premier tome qu'à la lecture de cette BD, on pense à Valérian et à ses mondes extraterrestres si baroques. Ici, pas de voyages spatio-temporels mais plutôt l'exploration d'une caravane constituée de l'assemblage hétéroclite, au fil du temps, de centaines et sans doute même de milliers de civilisations différentes. Le concept, qui séduisait déjà dans le premier volume, achève de convaincre lorsque l'on découvre la société a priori démocratique et pourtant corrompue de Sillage. Cela donne tout son sens à la célèbre phrase de Churchill (apocryphe peut-être ?) selon laquelle "la démocratie est le pire des systèmes, à l'exception de tous les autres". Comment faire cohabiter tant de cultures différentes, dont certaines qui n'ont rien en commun, même pas (pour commencer) le milieu de vie ? La seule solution semble être celle de l'égalité des droits entre les différentes races. L'existence d'un lumpen-prolétariat taillable et corvéable à merci dans cette histoire vient d'une certaine façon confirmer cette impression : Nävis négocie pour eux le droit de s'émanciper, s'ils le souhaitent. Aussitôt, leurs décisions prises en commun prennent force de loi.

Tout en haut de cette bizarre hiérarchie, se trouvent les "puissants" de Sillage, des êtres qui semblent plongés dans des complots byzantins. Le doucereux et inquiétant Consul dissimule mal ses perversions derrière le paravent du libre-arbitre des êtres femelles qu'il retient chez lui, et c'est grâce à un chantage exercé sur le gouvernement qu'il pourra sauvegarder son statut. Dans cette culture si originale, il y a donc bien quelque chose de pourri. On se doute que l'un des enjeux de la série sera donc le combat de Nävis, indépendante et rebelle par son statut de seule humaine de Sillage, contre des institutions corrompues.

Le dessin est toujours aussi efficace et convaincant. Je ne regrette pas de m'être penché sur cette série !

(Article planifié le 17 Septembre.)

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